Elle a rencontré les talibans
Cette femme est la «voyageuse la plus courageuse du monde»

Elle se rend intrépidement dans des pays jugés dangereux pour les touristes ordinaires. L'Américaine Jacquelyn Kunz est allée au Soudan, en Irak, en Afghanistan, et veut maintenant se rendre au Congo. Pour cela, elle a été élue «voyageuse la plus courageuse du monde».
Publié: 23.12.2023 à 18:05 heures
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Jacquelyn Kunz est la «voyageuse la plus courageuse du monde».
Photo: Instagram
Jenny Wagner

«Il est déconseillé de se rendre en Afghanistan et d'y séjourner de quelque manière que ce soit», peut-on lire sur le site Internet du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Les autorités américaines déconseillent également vivement de se rendre dans le pays.

La New-Yorkaise Jacquelyn Kunz n'est toutefois pas impressionnée par ces avertissements. Elle s'est rendue en Afghanistan après la prise de pouvoir des talibans. La plateforme «NomadMania» l'a ainsi élue «voyageuse la plus courageuse du monde».

Une vie au Soudan

En 2015, l'Américaine a quitté New York pour Khartoum, au Soudan. C'était une «décision impulsive après une très mauvaise journée de travail», avoue-t-elle. En fait, elle avait prévu de rester six mois à Khartoum... finalement, le Soudan a été sa patrie pendant huit ans.

Pannes d'électricité, 45 degrés en été, conflits politiques... L'Américaine a accepté toutes ces conditions parce que l'hospitalité des gens n'a pas de prix. Jacquelyn Kunz connaît déjà le Soudan comme sa poche. «J'ai beaucoup travaillé au Darfour au fil des ans. La plupart des gens pensent au génocide et à la guerre, mais quand j'y étais, c'était magnifique. La culture y est très riche», raconte-t-elle.

Pendant son séjour au Soudan, Jacquelin Kunz a entrepris d'autres voyages à haut risque: en juin 2022, elle s'est rendue en Afghanistan. Elle était convaincue qu'«avec les mauvais garçons aux commandes», une sorte de stabilité s'était installée dans le pays. «Je suis allée en bus à Kandahar. À un point de contrôle, les talibans sont montés et ont forcé tout le monde à se lever pour pouvoir s'asseoir. Ils avaient tous des fusils», raconte-t-elle.

«Je sentais ses orteils sur ma tête»

Jacquelin Kunz portait un niqab (ndlr: voile intégral), et ne se faisait donc pas remarquer dans la foule. Elle raconte: «Un homme s'est assis derrière moi dans le bus et a posé ses pieds sur ma tête pendant quelques heures. Je sentais ses orteils sur ma tête.»

La manière dont les femmes sont traitées en Afghanistan a été une expérience très intense pour l'Américaine. «Ils voient les femmes comme des meubles.» En rendant visite à une famille, elle a appris que l'oppression des femmes était certes terrible, mais qu'au moins, une sorte de paix régnait.

Elle a également fait un road trip en Irak, en auto-stop! «En Irak, il y a beaucoup de points de contrôle, mais ils sont très amicaux. Ils demandent à faire des selfies avec toi et sont très heureux de voir une femme étrangère», raconte Jacquelin Kunz. Elle en est convaincue: le gouvernement et les gens sont différents. Dans chaque localité jugée dangereuse, elle a rencontré des gens qui lui ont fait découvrir la ville et la culture.

Elle a vu sa maison en feu

Cette année, sa vie au Soudan a brusquement changé. En mai 2023, une lutte sanglante pour le pouvoir a éclaté entre le dirigeant Abdel Fattah Abdelrahman Burhan et son ancien vice-président Mohammed Hamdan Daglo. «J'habite en plein milieu, Khartoum est le pire endroit qui soit. Environ dix jours après le début de la guerre, les militaires sont venus et ont dit qu'ils allaient prendre mon appartement», raconte Jacqulin Kunz. 3,3 millions de personnes ont été contraintes de fuir, l'Américaine aussi.

Depuis l'étranger, elle a regardé sa maison brûler à la télévision. C'était «surréaliste», décrit-elle. Par le biais de Google Maps, Jacqulin Kunz a tenté de savoir si sa maison était encore debout.

Depuis qu'elle a dû quitter le pays, elle cherche sa place dans le monde. Le Soudan n'était pas seulement sa patrie, mais aussi son lieu de travail, car Jacqulin Kunz est experte en développement éducatif. Depuis, elle est allée en Finlande, au Maroc et en Équateur. Elle préférerait retourner au Soudan, mais la situation reste trop agitée. Son prochain voyage est déjà prévu: «Je vais probablement me rendre en République démocratique du Congo dans quelques semaines», dévoile-t-elle. Selon elle, il n'est pas facile d'obtenir un visa. Toutefois, elle reste impatiente: «Je veux voir le fleuve Congo. Je suis très excitée.»

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