Elèves battus quotidiennement
Au cœur des écoles brutales de Corée du Nord où Kim Jong Un règne en maître

Après avoir fui la Corée du Nord, Bella Seo livre un témoignage glaçant sur les écoles du régime: culte de Kim Jong Un, violences quotidiennes, travaux forcés et élèves affamés. Un système où l’idéologie passe avant l’éducation et la dignité.
Publié: 15:50 heures
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Dernière mise à jour: 16:09 heures
Selon Bella Seo, une transfuge nord-coréenne, la matière principale à l'école est celle sur Kim Jong Une (Illustration).
Photo: AFP
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Solène MonneyJournaliste Blick

Le récit de Bella Seo, une Nord-Coréenne de 23 ans réfugiée à Séoul, glace le sang. La jeune femme dévoile l’envers brutal du système éducatif nord-coréen, où la figure omniprésente de Kim Jong Un écrase toute autre forme d’apprentissage, rapporte le «Daily Mail» lundi 28 avril.

Trois fois par jour, les élèves seraient forcés d'étudier la vie du dictateur et de sa famille, quelle que soit leur performance dans d’autres matières. «Même si un élève excelle en coréen, en anglais, en mathématiques, en histoire, en sciences, en éducation physique ou en art, son évaluation globale dépend de ses résultats dans ces matières idéologiques», raconte Bella Seo qui a fui le pays à l'adolescence. Les violences physiques étaient également quotidiennes, à tel point qu’elles en devenaient «normales», témoigne-t-elle.

«Education à la grandeur»

Mais alors qu'apprennent les élèves sur Kim Jong Un? Qu’il était un prodige dès l’enfance, capable de piloter un yacht, de manier les armes et passionné de lecture. Cette glorification est baptisée «éducation à la grandeur». Sur les sept heures quotidiennes, deux à trois sont consacrées à la famille Kim et à l'histoire de la révolution.

Nettoyer le portrait du leader nord-coréen et entonner des chants de loyauté font partie des rituels du matin. Et après les cours, pas de répit. Les élèves seraient contraints à des travaux physiques «extrêmement pénibles» pendant des heures avant de pouvoir rentrer chez eux. 

Bella Seo se souvient avoir passé chaque jour quatre heures à transporter des sacs de sable de 25 kilos pour aplanir la cour rocailleuse de son école. Exténuée, il lui arrivait régulièrement de s'évanouir en rentrant chez elle.

Une école «gratuite» qui affame les familles

Sous prétexte d’égalité, les élèves devaient financer eux-mêmes les «projets de jeunesse», comme la rénovation des infrastructures scolaires. Malgré la promesse d’un enseignement «gratuit» dont se vante la Corée du Nord, les parents étaient contraints de se priver de nourriture pour payer les frais imposés par les établissements. Nombreux étaient les élèves qui manquaient les cours pour chercher de quoi se nourrir, ou survivaient grâce à des repas de contrebande en provenance de Chine.

A ces dépenses s’ajoutaient les fournitures scolaires, les cadeaux pour les enseignants et les contributions aux mariages et événements familiaux. Les élèves incapables de payer étaient marginalisés par leurs camarades et punis par leurs professeurs, allant jusqu'au châtiment corporel.

Les filles particulièrement visées

Les filles, elles, étaient spécifiquement désignées pour nettoyer les salles de classe, subissant souvent des punitions plus violentes que leurs camarades masculins. Bella Seo raconte comment l’une de ses amies a été tirée par les cheveux, giflée et projetée contre le bureau d’un professeur pour avoir simplement fait du bruit en nettoyant. Même si ses parents avaient obtenu des excuses de l'enseignant, l’affaire avait été rapidement étouffée.

Chaque samedi, les élèves devaient en outre participer à des séances d’autocritique, au cours desquelles ils étaient forcés d’avouer publiquement leurs «fautes». Face à cette oppression, Bella Seo et sa famille ont pris la fuite, traversant clandestinement les montagnes jusqu’en Chine, avant de rejoindre la Thaïlande via le Laos. Ils vivent aujourd’hui en sécurité en Corée du Sud, où ils ont pu reconstruire leur vie.

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