Il n'en restait plus que deux, ou presque. Robert F. Kennedy Jr. annoncera probablement vendredi la fin de sa campagne présidentielle. Robert qui? Neveu de l'ancien président américain John F. Kennedy (1917-1963), il a d'abord tenté sa chance en tant que candidat démocrate, puis indépendant, dans la campagne électorale américaine de 2024.
Insistons sur le mot «tenté». Car sa campagne n'a pas vraiment été un succès. Selon la plateforme de sondage «FiveThirtyEight», il n'obtient en moyenne que 4,9% des voix au niveau national. Il a atteint sa meilleure forme en mai avec 10% d'opinions favorables.
Les sondages ne sont pas les seuls problèmes de Robert Kennedy. Il ne figure sur les bulletins de vote que dans trois «Swing States» – les États américains dans lesquels on ne sait pas encore quel parti va gagner. Et le fait qu'il ait dépensé plus d'argent pour sa campagne qu'il n'en a gagné vient encore compliquer l'affaire.
Kennedy va-t-il se rallier à Trump?
La vice-candidate de Robert Kennedy, Nicole Shanahan, a annoncé la fin probable de la campagne du candidat indépendant. Elle a récemment déclaré dans un podcast: «Pour nous, il y a deux options: soit nous restons dans la course et risquons une présidence de Kamala Harris et Tim Walz parce que nous détournons des voix de Trump. Soit, nous nous retirons et nous nous allions à Trump.»
La deuxième option semble particulièrement réaliste. Robert Kennedy prononcera un discours vendredi à Phoenix, la capitale de l'Arizona. Le candidat républicain Donald Trump se trouve également à Phoenix. Un heureux hasard? Pas si sûr.
Après tout, Donald Trump a révélé mardi qu'il s'imaginait bien une collaboration politique avec Robert Kennedy. Et Nicole Shanahan affirme en effet qu'un départ de son patron aiderait le républicain contre son adversaire démocrate Kamala Harris. Mais que disent les chiffres à ce sujet? La situation est plus complexe qu'il n'y paraît.
Un danger pour Kamala Harris
Dans tous les cas, le public républicain apprécie davantage Robert Kennedy que les démocrates. Dans un sondage national réalisé par «NBC» en juillet (avant que le président américain Joe Biden n'annonce son retrait), 33% des électeurs de Robert Kennedy étaient républicains, et seulement 15% démocrates. Il est donc logique que les anciens électeurs du neveu Kennedy fassent leur croix sur Donald Trump en novembre.
Des chiffres récents montrent en outre que Kamala Harris obtient de meilleurs résultats dans les sondages lorsque Robert Kennedy est pris en compte. La raison? Il a reçu au début de la campagne le soutien de nombreux démocrates qui n'étaient pas satisfaits de Biden. Maintenant que Kamala Harris est candidate, ces électeurs reviennent vers les démocrates. En d'autres termes, les électeurs démocrates qui étaient favorables à Robert Kennedy sont pour la plupart déjà retournés à leur parti d'origine.
Actuellement, c'est donc surtout Trump qui souffre de la candidature de Robert Kennedy. Cela est particulièrement visible dans les «Swing States» très disputés. Robert Kennedy ne figure certes sur les bulletins de vote qu'en Géorgie, au Michigan et en Caroline du Nord, mais il joue également un rôle assez important dans d'autres de ces états.
Que disent les sondages?
Les moyennes nationales des sondages «FiveThirtyEight» se concentrent sur les «Swing States» de l'Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Ces six États américains sont actuellement dirigés par la démocrate Kamala Harris. En Arizona, avec 45,6%, Kamala Harris ne devance Donald Trump que de 1,2% – Robert Kennedy enregistre 5,2% d'approbation dans l'Etat du sud. Cela signifie que si certains électeurs actuels du neveu Kennedy deviennent effectivement des électeurs de Trump, la démocrate est perdante.
La situation est similaire en Géorgie. Kamala Harris devance son concurrent de 0,7% au minimum, Robert Kennedy s'empare de 3% des voix. Dans le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin également, un départ de Robert Kennedy ferait pencher la balance en faveur de Donald Trump.
Des manigances politiques
Bien sûr, il y a aussi les électeurs qui ne voteront pas après le départ de Robert Kennedy ou qui se décideront tout de même pour Kamala Harris. Mais cela ne devrait représenter qu'une infime partie.
Les rumeurs de démission montre que Robert Kennedy prend son soutien à Donald Trump au sérieux. La convention du parti démocrate se déroule actuellement à Chicago. Comme l'analyse le «Center for Politics», les candidats obtiennent un peu plus de soutien après leur convention respective.
La nouvelle du retrait de Robert Kennedy de la course pourrait faire de l'ombre au «convention bump» de Kamala Harris. N'est-ce pas vicieux? Les démocrates ont plus ou moins fait la même chose… trois jours seulement après la convention républicaine, Biden a annoncé qu'il se retirait de la course à la présidence.