Le républicain J.D. Vance et le démocrate Tim Walz devraient diriger ensemble les Etats-Unis. Leur collaboration constituerait même un remède parfait pour guérir l'Amérique de ses divisions et de ses blessures. C'est en tout cas l'impression qu'ont laissé les deux colistiers dans la nuit de mardi à mercredi, lors de l'unique débat des vice-présidents prévu avant l'élection du 5 novembre.
La confrontation entre les colistiers respectifs de Donald Trump et Kamala de Harris a été très correcte et presque ennuyeuse par moments. «Je suis d'accord avec le gouverneur Walz» et «le sénateur Vance a raison» ont été les deux phrases les plus entendues de la soirée. Une courtoisie tout bonnement inimaginable lors du débat du 10 septembre dernier entre Donald Trump et Kamala Harris.
Certes, aucun face-à-face entre deux candidats à la vice-présidence n'a eu jusqu'à présent de réelle d'influence sur l'issue d'une élection présidentielle. Mais dans une course qui apparait pour l'instant comme la plus serrée de l'histoire américaine, ce débat des vice-présidents pourrait faire toute la différence. Voici les trois choses à retenir de cette confrontation plus attendue qu'à l'accoutumée entre J.D. Vance et Tim Walz.
L'Amérique tient un nouveau gaffeur
Si les dérapages verbaux du président américain Joe Biden lors de son premier débat étaient déjà légendaires, les lapsus de Tim Walz risquent, eux aussi, de rester dans les mémoires pendant un moment. Le colistier de Kamala Harris a ainsi déclaré à deux reprises au cours de la soirée qu'il était «ami avec des meurtriers». Dans la foulée, un photomontage d'une affiche électorale de Trump pourvue du slogan «Trump Vance 2024: pas amis avec des meurtriers» s'est mis à circuler sur les réseaux sociaux.
N'ayant vraisemblablement pas retenu les leçons de cette première boulette, Walz a eu tendance à répandre de temps en temps des inexactitudes. Son manque d'expérience sur la scène politique nationale et son faible niveau d'argumentation spontanée ont été criants tout au long de la soirée. Depuis sa nomination, Tim Walz n'a accordé que peu d'interviews. En on a bien compris pourquoi.
J. D. Vance voulait séduire… Donald Trump
La prestation pleine de finesse du jeune crack des républicains J. D. Vance a fait un tout autre effet. Le nouveau sénateur de l'Ohio à la biographie impressionnante – un fils de toxicomane élevé dans la pauvreté, avant connaître un parcours typique du rêve américain – a fait honneur à sa réputation d'habile débatteur.
D'une manière frappante, Vance n'a eu de cesse de s'adresser directement à Donald Trump comme pour le convaincre de soutenir ses projets politiques. Le républicain a ainsi expliqué que la meilleure façon de lutter contre le changement climatique était de tout produire en Amérique et de réduire ainsi les émissions de CO₂ dans le monde. Il s'est par ailleurs montré ouvert sur la question du congé parental prôné par les démocrates et a même semblé mettre de l'eau dans son vin sur la question de l'avortement.
Ce qui semble clair, c'est que Vance devrait avoir un effet modérateur sur Trump si ce dernier venait à reprendre ses quartiers à la Maison Blanche. L'ex-président n'a en tout cas pas tari d'éloges à l'égard de son protégé, comme en témoignent les 45 posts (!) partagés sur son réseau Truth Social pendant le débat.
La plus grande menace pour l'Europe ne les préoccupe pas
En tant que vice-présidents américains, Walz et Vance seraient confrontés à des problèmes non seulement d'ordre national, mais aussi mondial. Mais à l'exception d'une brève parenthèse sur l'escalade au Moyen-Orient, les deux hommes n'ont discuté que de questions intérieures américaines. L'Ukraine? La menace que constitue la Russie de Vladimir Poutine? Ni Walz ni Vance n'en ont parlé.
L'Europe doit donc se préparer à se retrouver sans véritable allié à la Maison Blanche et à faire face au danger russe sans l'aide acharnée des américains.
Conclusion: la politique américaine peut être parfois d'un ennui… rafraîchissant. Le débat des vice-présidents l'a montré de manière éclatante. De nouvelles lois soutenues par les deux partis (comme l'introduction d'un congé parental rémunéré) semblent relever du domaine du possible si l'on apaise quelque peu la rhétorique, comme l'ont fait Vance et Walz. Il ne reste plus qu'à espérer que leurs deux patrons en prennent de la graine.