La victoire n'a jamais été aussi proche pour Donald Trump, qui s'est déjà proclamé 47e président des États-Unis, aux alentours de trois heures du matin (heure en Floride), avant même que la totalité des bulletins n'aient été dépouillés. Laïus quelque peu déconstruit, éloges stellaires à Elon Musk, remerciements profus à ses équipes, promesses formelles de ne «pas laisser tomber les Américains» et de «réparer le pays pendant quelque temps» pour rebâtir son idée d'un «âge d'or»: c'est comme s'il avait déjà gagné.
Sa rivale, Kamala Harris, de son côté, s'est abstenue de tout discours, préférant s'exprimer après le lever du jour, lorsque d'autres swing states (des Etats pivots), pour l'instant majoritairement teintés de rouge, auront rendu leur verdict.
Pour les supporteurs de la candidate démocrate, le choc est douloureux. Les médias américains, dont ABC News, font état de visages larmoyants, de citoyens désabusés préférant quitter la watch party tenue à l'université Howard de Washington, où la vice-présidente a fait ses études. Lors du discours de Trump, «The Guardian» décrit un soudain silence glaçant parmi la foule démocrate. Tout n'est pas encore totalement joué, mais il ne s'agit que d'une question de temps: le «New York Times» rapporte que Trump est «au bord de la victoire».
Puisqu'on en a bien besoin, pour digérer un minimum les événements de cette nuit houleuse, voici quelques premières historiques et nouvelles passées inaperçues à mettre en avant, alors que les élections au Congrès américain battent leur plein, en parallèle de la présidentielle.
Une première sénatrice noire au Maryland
Dans l'État du Maryland, par exemple, la démocrate Angela Alsobrooks, 53 ans, vient de devenir la toute première sénatrice noire jamais élue, battant ainsi l'ex-gouverneur républicain Larry Hogan. Elle remporte un siège typiquement républicain, comme le souligne le «Washington Post», créant la surprise parmi les citoyens.
«Je viens de recevoir un appel du gouverneur Hogan, me félicitant pour ma victoire, a-t-elle déclaré durant son discours. Je suis ici ce soir pour toutes les personnes qui rêvent d'un jour meilleur.»
Deux sénatrices noires élues en même temps
Pour la première fois de l'histoire des États-Unis, deux femmes noires accèdent en même temps au poste de sénatrices: Angela Alsobrooks du Maryland célèbre sa victoire en parallèle de la démocrate Lisa Blunt Rochester, également première femme noire et première femme originaire du Delaware jamais élue pour représenter son État. Rappelons qu'on ne peut citer qu'une maigre poignée d'autres exemples, dont Kamala Harris, bien sûr, qui a tout de même plusieurs records à son actif (dont celui de première vice-présidente, première personne noire et première personne américaine asiatique à accéder à ce poste), malgré sa probable défaite à l'élection présidentielle.
«Ce pays est progressivement renforcé par l'âme et le sacrifice de celles et ceux qui le servent et qui sont venus avant nous, a déclaré Lisa Blunt Rochester dans son discours, notamment relayé par le 'The Guardian'. Alors que je me prépare à m'engager sur le chemin ouvert par les trois sénatrices noires élues avant moi, l'ambassadrice Carol Moseley Braun, la vice-présidente Kamala Harris et la sénatrice Laphonza Butler, j'ai un message pour les jeunes qui élèvent la voix et donnent tout pour leur pays et pour le monde: je vous vois, je vous suis reconnaissante et ce sera bientôt à vous!»
Une première femme transgenre élue à la Chambre des représentants
La sénatrice démocrate originaire du Delaware Sarah McBride vient d'être élue à la Chambre des représentants, devenant ainsi la première femme ouvertement transgenre de l'Histoire à rafler ce poste. Elle surpasse le candidat républicain, ancien officier de police, John Whalen III. En 2020, au moment de la victoire de Joe Biden, la démocrate était déjà devenue la première femme transgenre à accéder au Sénat, alors qu'elle n'avait que 30 ans.
«Le Delaware a clairement fait passer le message que [...] cette démocratie est suffisamment grande pour nous tous», a souligné Sarah McBride dans son discours. Le siège qu'elle vient d'obtenir était occupé par le Parti républicain depuis 2010, d'après le «New York Times».
Plusieurs États protègent le droit à l'avortement
Alors que plusieurs États doivent se prononcer sur la question de l'avortement, le Missouri vient de restaurer le droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qu'il avait promptement banni en 2022. Selon le «New York Times» ce référendum tenu dans plusieurs États établit «un droit fondamental à la liberté reproductive», défini comme «le droit à prendre ses propres décisions sur tout ce qui concerne la santé reproductive». En 2022, au renversement de l'arrêt Roe v. Wade, le Missouri, traditionnellement très pro-vie avait été le premier État à bannir le droit à l'avortement.
Le Maryland, où l'avortement était déjà légal, a également protégé ce droit, selon le média NPR, compliquant sérieusement la tâche des décideurs souhaitant le réfuter à nouveau à l'avenir. De son côté, l'État de New York a fait de même, acceptant d'inscrire le droit à l'IVG dans sa constitution, notant que «nul ne peut subir de la discrimination liée au genre, l'orientation sexuelle, l'identité de genre, l'expression de genre, la grossesse, la santé et l'autonomie reproductive».
La Floride, en revanche, a pris le chemin inverse, refusant les mesures d'autorisation de l'IVG.
Le Colorado et la Californie protègent le droit au mariage pour tous
L'AFP et NPR ont rapporté que les électeurs californiens viennent d'accepter une proposition destinée à protéger le droit aux mariages entre personnes de même sexe, ainsi que les mariages interraciaux. Le texte propose de modifier la définition du mariage actuellement présente dans la constitution de l'État de Californie, qui le limite à un accord «entre un homme et une femme».
Par la même occasion, le Colorado a rejeté un texte bannissant les mariages homosexuels, ainsi que le relève le journal «The Colorado Sun». Pour 63,6% des citoyens, il était grand temps que la phrase «seule une union entre un homme et une femme sera reconnue comme étant valide dans cet État» soit modifiée, alors qu'elle avait été ajoutée à la constitution du Colorado en 2006.
Pour rappel, certaines personnes craignaient qu'une opposition semblable à l'abrogation de l'arrêt Roe v. Wade, en 2022, survienne dans un futur proche. Ce type de mesure peut effectivement contribuer à protéger ces droits, à l'avenir.