La candidate démocrate à la Maison-Blanche Kamala Harris a estimé mardi que le pays était prêt à élire la première présidente de son histoire à deux semaines d'un scrutin toujours aussi incertain et dans une campagne au ton de plus en plus acerbe. Si le rythme s'est encore accéléré ces derniers jours pour les deux candidats, les coups sont aussi de plus en plus violents.
Dans cette élection scrutée par le monde entier et qui angoisse de nombreux Américains d'après une enquête récente, aucun des deux candidats ne se démarque. Plus de 20 millions d'électeurs ont déjà voté par courrier ou en personne, selon l'organisation indépendante Elections Project, soit plus de 12% de la participation totale de 2020.
Dans le Wisconsin, les citoyens étaient au rendez-vous mardi, pour l'ouverture du vote anticipé, comme devant une bibliothèque de Madison, où de longues files d'attente se sont formées.
Attendant son tour, Brad Hines, policier à la retraite de 73 ans, a expliqué à l'AFP qu'il voulait voter tôt parce qu'il considérait cette élection comme «importante» pour l'état de la «démocratie». Dawn Lauderdale, technicienne en radiologie de 65 ans, s'est aussi présentée mardi pour voter mais a rebroussé chemin en voyant la foule. Mais elle reviendra pour voter pour Kamala Harris, le choix de la «raison», car elle s'inquiète pour les droits des femmes.
Léger avantage à Donald Trump
De récentes enquêtes d'opinion semblent donner un léger avantage à Donald Trump, qui mène à 78 ans sa troisième campagne présidentielle consécutive. Mais cette avance se situe systématiquement dans la marge d'erreur. Difficile d'en tirer des conclusions. Dans ce contexte Kamala Harris, qui souffre d'un déficit de notoriété évident face à son rival, déverse des centaines de millions de dollars dans la campagne pour tenter de prendre l'ascendant dans la course à la Maison-Blanche. Cette dernière a estimé dans une interview que le pays était «parfaitement» prêt à élire une femme à sa tête pour la première fois de son histoire.
Même si elle a tout de suite minimisé la portée historique que pourrait représenter son élection. «Ce qui intéresse la plupart des gens, c'est de savoir si vous pouvez faire le travail et si vous avez un plan pour eux», a-t-elle expliqué. «Ils méritent d'avoir un président qui se concentre sur eux, contrairement à un Donald Trump, constamment concentré sur lui-même», a ajouté la vice-présidente.
«Stupide personne»
Le candidat républicain, qui envenime chaque jour un peu plus sa rhétorique contre les migrants, a encore expliqué mardi que la frontière était le «plus gros problème», lors d'une table ronde avec des électeurs latinos en Floride.
Dans la soirée, il s'est de nouveau rendu en Caroline du Nord, comme la veille, pour un événement axé sur l'économie. Mais le républicain a surtout multiplié les attaques contre ses adversaires et les digressions. «Je suis en compétition face à cette stupide personne», a-t-il déclaré l'accusant de «dormir» plutôt que de faire campagne.
Son ancien chef de cabinet à la Maison-Blanche, John Kelly a déclaré mardi qu'il pensait que Donald Trump répondait à la définition d'un fasciste.
En meeting dans le Michigan pour la vice-présidente, Barack Obama a été introduit sur scène mardi par le rappeur Eminem, la dernière star en date à afficher son soutien à Kamala Harris. «Ne huez pas, votez!», a-t-il imploré le public quand ses attaques enflammées contre M. Trump ont fait réagir la foule.
Cet Etat est l'un des swing States particulièrement convoités par les candidats car ils peuvent basculer d'une élection à une autre. Comme en 2016 et en 2020, quelques dizaines de milliers de voix de ces Etats devraient permettre de départager l'ancienne procureure du milliardaire.
Ce dernier, condamné au pénal fin mai, réussira-t-il l'un des plus grands «comeback» de l'histoire politique américaine le 5 novembre? La démocrate, en campagne depuis trois mois seulement, deviendra-t-elle la première femme à diriger la première puissance mondiale? Quelque soit le résultat, l'élection présidentielle sera historique.