L'argent dirige le monde. Et cela est particulièrement vrai pour la campagne électorale américaine. Le multimilliardaire Elon Musk a fait la une des journaux ce week-end en proposant une sorte de concours pour offrir chaque jour jusqu'aux élections un million de dollars aux signataires d'une pétition du candidat républicain Donald Trump.
Mais malgré l'engagement d'Elon Musk, la candidate et vice-présidente actuelle Kamala Harris dispose de bien plus d'argent que son adversaire. Peu après le début de sa campagne, elle a investi trois fois plus de fonds que Trump dans la campagne électorale. En septembre, elle a dépensé 270 millions de dollars, principalement pour de la publicité télévisée, contre 78 millions seulement pour Trump.
700 millions de dollars récoltés pour Kamala Harris
Mais les dépenses ne sont que la pointe de l'iceberg. Car les règles strictes régissant les dons des campagnes électorales aux Etats-Unis comportent une faille, dont Elon Musk n'est pas le seul à profiter: certains groupes de lobbying, appelés «Super PAC» (Comité d'action politique), peuvent faire des dons illimités.
Une enquête récente du «New York Times» met sous le feu de la rampe le Super PAC opaque «Future Forward», qui a collecté 700 millions de dollars pour la campagne électorale de Kamala Harris. Future Forward agit indépendamment de la campagne démocrate et en toute discrétion: selon le journal, le groupe réalise une grande partie de ses affaires grâce à l'application cryptée Signal et se garde de ne pas révéler les données des personnes et groupes avec lesquels il collabore. Il a ainsi protégé une source qui aurait fait don de plus de 130 millions de dollars.
Les swing states sont inondés de publicités électorales
Peu avant les élections, les habitants des swing states, c'est-à-dire des États clés qui feront pencher la balance lors du scrutin, sont inondés de publicités électorales. Future Forward s'est appuyé sur des analyses rigoureuses pour déterminer quels spots télévisés captaient le mieux l'attention des gens. Le groupe a également établi un classement de plus de 300 clips publicitaires de la campagne électorale actuelle.
Selon l'évaluation du Super PAC démocrate, la publicité de Kamala Harris qui fonctionne le mieux est celle dans laquelle elle déclare la guerre aux prix élevés et qualifie Donald Trump de candidat des super-riches. Tandis que le clip qui fonctionne le mieux pour Trump est celui où il critique Harris dans la lutte contre l'immigration illégale et la criminalité liée à la drogue. Les résultats ont un impact dans la publicité que Future Forward diffuse à l'approche des élections.
Une usine à tests publicitaires
Les coûts publicitaires devraient être plus élevés que les dépenses des campagnes de Trump et Harris réunies. Jusqu'à présent, le Super PAC a commandé 655 publicités potentielles pour Kamala Harris auprès de 25 entreprises publicitaires différentes.
Mais seulement la moitié d'entre elles ont fini par être diffusées. C'est pourquoi le «New York Times» qualifie Future Forward d'«usine à tests publicitaires pour Kamala Harris».
Des critiques sur un trop grand pouvoir
Mais Future Forward fait également l'objet de critiques dans ses propres rangs. Certains membres du parti trouvent inquiétant qu'un petit groupe de grands donateurs démocrates ait autant de pouvoir dans la campagne électorale.
A cela s'ajoutent des doutes quant à savoir si la stratégie de Future Forward mène vraiment au but. Car le Super PAC utilise presque tout l'argent récolté afin de faire de la publicité dans les swing states, juste avant les élections.