Ces derniers jours, Joe Biden agit comme un aimant géant. Le président attire toute l'attention sur lui. Depuis son débat télévisé catastrophique il y a plus de deux semaines, il est sous les feux de la rampe. Le monde ne cesse de se demander à quel moment sleepy Joe (Joe l'endormi, comme le surnomment ses opposants) quittera enfin son poste et qui serait en mesure de lui donner le coup de grâce politique.
La séquence viendrait presque à en faire oublier son rival Donald Trump. D'habitude, le républicain, en pleine tournée électorale, se sent parfaitement à l'aise en tant qu'acteur principal. Mais pour une fois, il joue habilement le rôle de l'observateur aux aguets et élabore en silence un plan radical.
Louis Perron, conseiller politique et auteur du livre «Battre le sortant: Stratégies et tactiques avérées pour gagner les élections», déclare à Blick que Trump fait tout ce qu'il faut du point de vue de la tactique électorale. «Je lui conseillerais de faire exactement ce qu'il fait actuellement: rester en retrait».
Louis Perron a une thèse simple: «Si l'attention se porte sur Trump, c'est Biden qui gagne. Si elle est sur Biden, c'est Trump qui gagne.» Le plan est limpide: ne surtout pas déranger son adversaire pendant qu'il s'autodétruit en public.
Trump ne touche pas au corps des femmes
Actuellement, les conditions sont donc optimales pour le républicain. Mais Trump, l'acteur secondaire du drame de Biden, est loin d'être inactif. Il donne des interviews et organise des rallyes électoraux. Ce qui est frappant, c'est que Trump se donne un air vraiment soft, comme s'il voulait profiter de l'occasion pour attirer dans son camp les partisans choqués des agissements de Joe Biden.
L'invitation à son prochain meeting de campagne à Butler, en Pennsylvanie, n'est pas surtitrée «Make America Great Again», mais simplement: «Le président Trump articule son programme présidentiel.»
Au passage, Trump a également réécrit de sa propre main le programme de 16 pages du Parti républicain. Le document porte son empreinte indéniable. Et il contient quelques modifications révolutionnaires qui marqueront son prochain mandat.
Ainsi, Trump a supprimé sans hésiter du programme le passage sur une restriction du droit à l'avortement à l'échelle nationale. Les Etats fédérés doivent décider de la manière dont ils veulent gérer les avortements – et peuvent le faire depuis que la Cour suprême a annulé la décision Roe V. Wade, qui était considérée comme une garantie pour les avortements dans tout le pays. Trump ne veut manifestement pas se brûler les doigts sur ce sujet hautement politique.
L'Ukraine ne joue aucun rôle pour Trump
Trump a également supprimé le paragraphe qui définissait le mariage de manière très traditionnelle comme l'union entre une femme et un homme. En revanche, le programme dit désormais: «Le parti républicain doit s'engager pour l'égalité de traitement de tous.» Dans une interview avec le présentateur de Fox Brian Kilmeade, Trump a déclaré à ce sujet qu'il ne voulait pas d'un «gay-ban» de fait aux Etats-Unis. Ce serait rétrograde.
Autre fait marquant: l'Ukraine n'est pas mentionnée une seule fois dans les 16 pages du programme de Trump. Un mauvais signe pour ce pays qui a un besoin urgent de soutien et d'aide militaire supplémentaires de la part de l'Amérique.
Trump a clairement fait savoir qu'il considérait le président Volodymyr Zelensky en premier lieu comme un «bon vendeur» qui repartait avec un paquet de milliards après chaque visite en Amérique. Et il a promis dans des interviews qu'il amènerait Vladimir Poutine et Zelensky à la table des négociations et mettrait fin à la guerre avant son entrée en fonction. S'il y parvenait, il s'agirait en tout cas d'une «paix» extrêmement défavorable à l'Ukraine, liée à de grandes pertes de territoires.
En bref, si Trump ne brille les feux de la rampe, il agit en coulisse dans un numéro d'équilibrisme impressionnant. Et bientôt, la scène devrait lui appartenir à nouveau entièrement. Dans les sondages nationaux, il devance nettement son adversaire, avec une moyenne de 4% dans les sept principaux Etats pivots. Biden a toutes les raisons de paniquer.