Le Premier ministre indien Narendra Modi a réitéré jeudi sa volonté d'instaurer «un code civil laïc» à l'échelle nationale, une proposition à laquelle les militants musulmans s'opposent farouchement, estimant qu'il s'agit d'une atteinte à leur foi.
«Les lois qui divisent le pays sur la base de la religion, qui deviennent des motifs d'inégalité, ne devraient pas avoir leur place dans une société moderne», a déclaré le chef du gouvernement à New Delhi à l'occasion d'un discours prononcé le Jour de l'indépendance.
«C'est pourquoi je dis que l'époque exige qu'il y ait un code civil laïc dans le pays», a-t-il ajouté, en reprenant une idée formulée pendant la campagne électorale et incluse dans le programme en vue du scrutin d'avril-juin.
Les 1,4 milliard d'habitants de l'Inde sont soumis à un droit pénal commun, mais les règles civiles régissant notamment mariage, divorce et héritage varient selon les communautés.
Le code civil promis par M. Modi uniformiserait les règles pour toutes les communautés religieuses, mais il a été âprement combattu par les militants musulmans et les libéraux, qui y voient une attaque contre la plus importante minorité religieuse du pays.
Le leader nationaliste hindou a déclaré lors de son discours jeudi que les différentes règles divisaient la nation: «Le code civil dans lequel nous vivons est en fait une sorte de code civil communautaire, un code de discrimination».
Pour cette réforme, il faudrait que les partis «forgent un consensus national», tempère néanmoins Ashok Malik, du cabinet de conseil en affaires The Asia Group, ce qui n'est pas assuré à l'heure actuelle.
Narendra Modi a remporté un troisième mandat consécutif en juin, mais a été contraint de former un gouvernement de coalition à la suite d'un revers électoral pour son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), qui l'a privé d'une majorité absolue pour la première fois en dix ans.
Il a été accusé d'avoir attisé le clivage entre musulmans et hindouistes pour gagner les faveurs de l'électorat hindou, et a cultivé une image de champion de l'hindouisme au cours de ses dix années au pouvoir. La communauté musulmane en Inde compte plus de 200 millions d'habitants.