Devant ses pairs
Le plus jeune président de l'histoire du Sénégal a prêté serment

Bassirou Diomaye Faye, panafricaniste de gauche à l'ascension fulgurante, a prêté serment mardi à Dakar, devant le plus jeune président de l'histoire du Sénégal. Elu sur une promesse de rupture, il doit désormais faire face à des défis considérables.
Publié: 02.04.2024 à 14:57 heures
Le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye a prêté serment mardi comme cinquième président du Sénégal après une ascension éclair.
Photo: AFP

Le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de rupture avec le système en place, a prêté serment mardi comme cinquième président du Sénégal après une ascension éclair. Il fait face à des défis considérables.

Bassirou Diomaye Faye a juré devant le Conseil constitutionnel de défendre «l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l'unité africaine». M. Faye, jamais élu auparavant, devient à 44 ans le cinquième et plus jeune président du pays ouest-africain depuis l'indépendance en 1960.

Troisième alternance de l'histoire du Sénégal

Il succède pour cinq ans à Macky Sall, 62 ans, qui a dirigé le pays de 18 millions d'habitants pendant 12 années et maintenu des relations fortes avec l'Occident et la France tout en diversifiant les partenariats. La passation de pouvoirs entre Macky Sall et Bassirou Diomaye Faye a eu lieu dans l'après-midi au palais présidentiel à Dakar.

Cette alternance par les urnes, la troisième dans l'histoire du Sénégal, marque la fin d'un bras de fer de trois ans entre Macky Sall et le duo gagnant de la présidentielle du 24 mars: Bassirou Diomaye Faye et celui qui, disqualifié, l'a adoubé, Ousmane Sonko.

Promesse de rupture

Surnommé «Diomaye» ("l'honorable» en sérère), Faye est musulman pratiquant, marié à deux femmes – c'est le premier président sénégalais polygame – et a quatre enfants. L'homme au visage juvénile incarne une nouvelle génération de jeunes politiciens.

La promesse de la rupture, l'onction d'Ousmane Sonko et l'apparente humilité de cette personnalité issue d'un milieu modeste et éduqué l'ont conduit à une victoire éclatante au premier tour de la présidentielle avec 54,28% des voix, 10 jours seulement après sa libération de prison.

Saluée par Paris, Washington et l'Union africaine, son élection, célébrée par des foules en liesse, a été précédée par trois années de tensions qui ont fait des dizaines de morts.

Un «panafricaniste de gauche»

Le Sénégal, connu comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, avait traversé une nouvelle crise en février quand le président Sall avait décrété l'ajournement de la présidentielle.

Admirateur de l'ex-président américain Barack Obama et du héros sud-africain de la lutte anti-apartheid Nelson Mandela, Bassirou Diomaye Faye se dit panafricaniste «de gauche» et prône le rééquilibrage des partenariats internationaux.

Le Sénégal va rester un allié «pour tout partenaire qui s'engagera, avec nous, dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive», a-t-il dit après son élection. Il veut oeuvrer au retour dans la Cedeao du Burkina Faso, du Mali et du Niger, pays sahéliens dirigés par des juntes qui ont rompu avec l'ancienne puissance coloniale française et se sont tournées vers la Russie.

Dans l'ombre d'Ousmane Sonko

Ce haut fonctionnaire de l'administration des impôts, qui a gravi discrètement les échelons dans l'ombre d'Ousmane Sonko, a mentionné ses chantiers prioritaires après sa victoire: «baisse du coût de la vie», «lutte contre la corruption» et «réconciliation nationale». Il met en exergue la souveraineté du pays. Porté au pouvoir par le désir de changement, il devra relever des défis importants. Ses projets concrets restent flous, ainsi que la place faite à Ousmane Sonko.

Il devra d'abord nommer un gouvernement, qui sera composé de «Sénégalaises et Sénégalais de l'intérieur et de la diaspora connus pour leur compétence, leur intégrité et leur patriotisme», a-t-il indiqué. Ne disposant pas de majorité à l'Assemblée, il devrait être contraint de former des alliances pour faire adopter des lois avant une éventuelle dissolution.

Il est particulièrement attendu sur le front de l'emploi, dans un pays où 75% de la population a moins de 35 ans et où le taux de chômage est officiellement de 20%, poussant des jeunes, de plus en plus nombreux, à fuir la pauvreté et à entreprendre un périlleux périple vers l'Europe.

(ATS)

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