Des projets pharaoniques
Face à la Chine, l'Occident veut créer une nouvelle route de la soie

Les pays occidentaux veulent lutter contre la nouvelle route de la soie chinoise en créant une route commerciale. Découvrez les grandes lignes de ce projet titanesque et en quoi il se distingue du corridor chinois.
Publié: 20.09.2023 à 06:06 heures
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Le port de Hambourg est la fin de la nouvelle route de la soie chinoise.
Photo: imago/Rupert Oberhäuser
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Guido Felder

Lors du sommet du G20 des 9 et 10 septembre en Inde, les représentants des différents Etats ont posé la première pierre d'un projet gigantesque: relier l'Inde, l'Europe et les Etats-Unis par ce qui pourrait s'appeler le «India-Middle-East-Europa-Economic Corridor» (Imec). L'objectif est clair. Cette route commerciale devra concurrencer la nouvelle route de la soie que la Chine est en train de mettre en place.

Voici ce que vous devez savoir sur cette nouvelle route de la soie.

Qu'est-ce que la «nouvelle» route de la soie?

Les Etats-Unis, l'UE, l'Arabie saoudite et l'Inde veulent construire un corridor entre l'Asie, le Moyen-Orient et l'Europe. D'un point de vue logistique, l'idée n'est pas si simple: les marchandises sont acheminées par bateau de l'Inde à Dubaï, ensuite par train à travers le désert jusqu'à Haïfa en Israël. Puis à nouveau par bateau jusqu'au port grec du Pirée, et enfin par train jusqu'en Europe occidentale.

Le projet comprend également la production d'hydrogène vert, qui sera transporté par pipeline. La pose de câbles sous-marins doit permettre d'améliorer la communication et le transfert de données.

Quelles sont les différences avec la route de la soie chinoise?

Hormis l'itinéraire, il y a trois différences principales:

  • Les coûts: le volume d'investissement de la Chine s'élève à environ 900 milliards de dollars, le projet de l'Occident est calculé à 600 milliards.

  • L'offre: Contrairement à la Chine, l'Occident ne veut pas seulement investir dans le transport de marchandises, mais aussi dans l'interconnexion numérique, la production d'énergie propre et la promotion de la formation dans les pays concernés.

  • Le propriétaire: la route de la soie chinoise est un projet d'État qui, par l'octroi de crédits et l'endettement, veut créer des dépendances et lier les infrastructures étrangères à lui. Dans le cas de la route de la soie occidentale, le secteur privé devra également être impliqué.

Qui finance le projet?

Le président américain Joe Biden a annoncé une contribution de 200 milliards de dollars aux 600 milliards de dollars déjà sur la table. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen voudra, elle, probablement investir les 300 milliards qui avaient déjà été annoncés fin 2021 pour l'initiative Global Gateway, un projet antérieur de l'UE. L'Arabie saoudite, le Japon et le Canada ont promis d'autres contributions. Des entreprises privées devraient également y participer.

Quand sera-t-elle opérationnelle?

Alors que les prémices de la route de la soie chinoise sont déjà là, le projet de l'Occident n'est encore qu'une déclaration d'intention dans l'esprit de ses initiateurs. Les participants au sommet du G20 ont convenu de se réunir à nouveau dans les 60 jours pour élaborer un plan d'action assorti d'un calendrier.

Kamran Bokhari, expert du Moyen-Orient à l'université d'Ottawa, écrit sur cicero.de que le corridor se limitera probablement dans un premier temps à la route maritime reliant l'Inde aux pays du Golfe en raison des nombreux obstacles.

Quels sont les problèmes?

Pour un projet aussi gigantesque, les défis sont nombreux. Parmi eux, le fait qu'Israël et l'Arabie saoudite y participent en même temps. Pour pouvoir collaborer, les deux gouvernements, qui se déchirent, doivent d'abord trouver un terrain d'entente. Un autre problème devrait être le port du Pirée, un point central de l'anti-route de la soie. Ce port situé en Grèce est aujourd'hui la propriété des Chinois.

Quelle est la signification politique du projet?

C'est un signal fort contre la nouvelle route de la soie des Chinois et une offre pour les Etats qui se sont rapprochés de la Chine et de la Russie ces dernières années. Ainsi, l'Italie fait partie du projet chinois. Mais comme le pays importe toujours plus de marchandises de Chine au lieu d'en exporter vers la Chine, l'euphorie est déjà retombée. La Première ministre Giorgia Meloni ne veut pas prolonger le contrat avec la Chine qui court jusqu'à la fin 2024. La contre-offre de l'Occident arrive donc à point nommé.

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