Aucun vaccin n’est parfait. Ceux qui sont utilisés pour protéger contre le Covid-19 préviendraient à 96% (Moderna) ou à 94% (Pfizer) des formes graves de la maladie selon leurs fabricants. Ce qui semble se vérifier: les chiffres obtenus jusqu’à présent montrent même que les valeurs pourraient être encore plus élevées.
Mais alors pourquoi certaines personnes entièrement vaccinées se retrouvent-elles quand même à l'hôpital?
Hypertension artérielle et diabète
Des chercheurs israéliens se sont penchés sur la question: ils ont observé les données de 152 personnes hospitalisées malgré une protection vaccinale Pfizer complète, au moins huit jours après la deuxième dose. Leur résultat: seules six des 152 personnes touchées étaient en parfaite santé avant l’infection.
Au moins une maladie sous-jacente chez les 146 autres a pu être diagnostiquées, rapporte «Der Spiegel». Les plus courantes? L’hypertension artérielle (71% des patients), le diabète (48%) et l’insuffisance rénale chronique (32%). Les maladies cardiaques (28%), les maladies pulmonaires (24%) et le cancer (24%) figurent également les conditions préexistantes les plus fréquentes.
Le problème de l’immunodéficience
Selon les chercheurs, le système immunitaire est déréglé chez environ 40% des personnes touchées. Cette conclusion semble logique: s’il ne fonctionne pas de manière optimale, il ne peut protéger le corps après une vaccination que de façon limitée. Parmi les raisons les plus fréquentes de cette immunodéficience, on retrouve un traitement à long terme à la cortisone, une chimiothérapie ou encore une transplantation d’organe.
Parmi ces patients doublement vaccinés, pour ceux qui doivent être hospitalisés, les statistiques de l’évolution de l’infection au coronavirus se montrent similaires à celles des patients non-vaccinés et hospitalisés: 61% développent une forme grave, voire critique de la maladie, et 22% décèdent.
D’autres études sont prévues
Toutefois, cet échantillon de 152 personnes est trop petit pour obtenir des conclusions définitives. Les chercheurs espèrent que de futures études permettront d’identifier précisément les personnes à risque, d’élaborer des recommandations à leur intention et ainsi de mieux les protéger. Israël propose déjà depuis le début du mois de juillet des vaccins de rappel, c’est-à-dire une troisième dose, aux patients dont le système immunitaire est affaibli.
En Suisse, environ 100’000 personnes sont touchées par l’immunodéficience. Les experts débattent actuellement du bien-fondé de la recommandation d’une troisième dose pour ces personnes.
Le variant Delta semble changer la donne
Il y a quinze jours, 218 personnes en Suisse ont dû être hospitalisées après avoir contracté le virus deux semaines après leur seconde piqûre, ce qui représente environ le 0,1% de l’ensemble des personnes doublement vaccinées.
Les statistiques des fabricants du vaccin sur la protection vaccinale ne tiennent pas encore compte du variant Delta, qui n’existait pas au moment où les études ont été menées. Reste donc à voir quel effet il aura sur la courbe des hospitalisations. À l’heure actuelle, la majorité des scientifiques supposent que la vaccination est très efficace pour prévenir les formes graves de la maladie, même lorsqu’elle résulte d’une infection au variant Delta, bien que la protection contre l’infection soit probablement plus faible dans ce dernier cas. Les statistiques d’hospitalisation qui ont été réalisées dans les pays lourdement frappés par le variant Delta, comme la Grande-Bretagne ou Israël, confirment ces premières évaluations. (vof/piu)