C'est l'ancien président américain Donald Trump qui a mis fin à la guerre en Afghanistan. Et cette décision a été populaire aux États-Unis. Il y a un mois, l'on a demandé au successeur de Trump, le désormais président Joe Biden, si la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan était «inévitable».
«Non, ce n'est pas le cas», avait répondu Biden aux journalistes. «Parce que les forces afghanes ont 300'000 soldats bien équipés, mieux équipés que n'importe quelle autre armée dans le monde, et une force aérienne contre environ 75'000 talibans. Ce n'est pas inévitable», avait-il assuré.
Un mois plus tard cependant, le jour de la chute de Kaboul, une photo (ci-dessus) montre l'actuel président américain seul dans un bureau. Et c'est une image puissante. Biden discute à l'écran de la situation en Afghanistan avec ses principaux responsables de sécurité et ses généraux... puisque la situation a complètement échappé au chef d'État.
Biden défend le retrait américain
Près d'un demi-siècle après le traumatisme de guerre national qu'a été le Viêt Nam, l'évolution éclair de la situation en Afghanistan a dépassé le pouvoir de décision du premier homme des États-Unis. Néanmoins, à Washington, à cause de son évaluation de la situation - spectaculairement erronée - Biden est désormais considéré comme le principal coupable du désastre.
Pour le 11 septembre 2021, date du 20e anniversaire des attaques terroristes contre les États-Unis, qui ont conduit à l'invasion de l'Afghanistan, Biden voulait toutes les troupes rapatriées. Hors de question de «combattre à nouveau dans la guerre civile d'un autre pays».
Lors de l'invasion américaine de 2001, les talibans ne contrôlaient que certaines parties du pays. C'est désormais tout l'Afghanistan qui se trouve sous leur joug. Dans une déclaration faite vendredi, Trump n'a pas manqué l'occasion de rendre son successeur responsable du «chaos tragique en Afghanistan», ajoutant aussi: «Je vous manque déjà?». Samedi, alors que la chute de Kaboul se profilait de plus en plus clairement, l'ancien président républicain a doublé la mise: «Ce que Joe Biden a fait à l'Afghanistan est légendaire. Cela restera (dans l'histoire, ndlr) comme l'une des plus grandes défaites de l'histoire américaine.»
Trump demande la démission de Biden
«Joe Biden se trompe à chaque fois sur la politique étrangère et sur de nombreuses autres questions. Tout le monde savait qu'il ne pouvait pas supporter la pression (du poste, ndlr)», a déclaré Trump dans un communiqué. Son administration, selon le républicain, avait laissé à Biden un plan de retrait - «un plan qui protégeait notre peuple et nos biens, et garantissait que les talibans ne rêveraient même pas de s'emparer de notre ambassade ou de créer une base pour de nouvelles attaques contre l'Amérique.»
L'ex-président ignore ainsi commodément le fait que le gouvernement afghan, soutenu par les Américains sous Trump comme sous Biden, avait depuis longtemps perdu le contrôle du pays. Mais le retrait, affirme-t-il, aurait dû être flexible et échelonné, en fonction de la situation sur le terrain. «J'ai construit un dispositif de dissuasion crédible», a déclaré Trump. «Ce dispositif dissuasif a maintenant disparu. Les talibans ne craignent ni ne respectent plus l'Amérique ou sa puissance. Quelle honte ce sera, lorsque les talibans hisseront leur drapeau sur l'ambassade américaine à Kaboul. C'est un échec total par faiblesse, incompétence et incohérence stratégique.»
Biden, a déclaré Trump de manière détournée dimanche, devrait «démissionner dans la disgrâce pour ce qu'il a laissé se produire en Afghanistan. Mais aussi pour l'énorme augmentation des cas Covid, le désastre frontalier, la destruction de l'indépendance énergétique et notre économie paralysée.» Et d'ajouter que la démission «ne devrait pas être un gros problème, parce qu'il n'a pas été légitimement élu en premier lieu».