Chaos total à l'aéroport
Bienvenue dans l'Afghanistan des talibans

L'Afghanistan se trouvait lundi aux mains des talibans après l'effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l'étranger du président Ashraf Ghani. Des milliers de personnes tentaient désespérément, dans un chaos total, de fuir le pays à l'aéroport de Kaboul.
Publié: 16.08.2021 à 10:26 heures
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Dernière mise à jour: 16.08.2021 à 15:42 heures
Les foules affluent sur les tarmacs de l'aéroport de Kaboul.
Photo: AFP

Le fulgurant triomphe des insurgés, qu'ils ont célébré dimanche soir en investissant le palais présidentiel à Kaboul, a déclenché des scènes de panique à l'aéroport de la capitale. Une marée humaine s'est précipitée vers la seule porte de sortie du pays, pour tenter de fuir le nouveau régime que le mouvement islamiste radical, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de mettre en place.

Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de chaos absolu: des milliers de personnes attendant sur le tarmac même, et des grappes de jeunes hommes, surtout, s'agrippant aux passerelles ou aux escaliers pour tenter de monter dans un avion.

«Très peur»

Les forces américaines ont même tiré en l'air pour tenter de contrôler cette foule peu convaincue par les promesses des talibans que personne n'avait rien à craindre d'eux, a indiqué à l'AFP un témoin, qui a avoué avoir «très peur».

«J'ai lu sur Facebook que le Canada accepte des demandeurs d'asile d'Afghanistan. J'espère que je serai l'un d'eux. Comme j'ai servi dans l'armée, j'ai perdu mon boulot, et c'est dangereux pour moi de vivre ici car les talibans me cibleront, c'est sûr», a expliqué depuis l'aéroport Ahmad Sekib, 25 ans, un autre témoin utilisant un faux nom.

En raison de la situation, l'autorité aéroportuaire de la capitale a annoncé que les vols commerciaux en partance étaient annulés.

«Servir notre nation»

Les rues de la capitale étaient en revanche plutôt calmes, largement patrouillées par des talibans en armes, notamment dans la «Green zone», auparavant ultra-fortifiée, qui abrite les ambassades et les organisations internationales. Les talibans ont informé leurs combattants que «personne n'est autorisé à entrer dans la maison d'autrui sans permission», a affirmé l'un de leurs porte-parole, Suhail Shaheen.

Mais dans les faits, il semblerait que certaines maisons soient perquisitionnées, notamment celles de journalistes, d'après le témoignage sur Tweeter d'un journaliste de Radio Free Europe/Radio Liberty.

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Le désormais ex-président Ghani a reconnu dimanche soir que les talibans avaient «gagné», après avoir fui le pays. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des talibans, a salué la victoire du mouvement islamiste. «A présent nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie», a-t-il affirmé.

La débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis. En dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères, notamment américaines, a pris le contrôle de quasiment tout l'Afghanistan.

Drapeau américain retiré

Et ce vingt ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les États-Unis en raison de son refus de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Le drapeau américain a été retiré tôt lundi de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul. Il a été «mis en sécurité avec le personnel de l'ambassade», regroupé à l'aéroport dans l'attente d'une évacuation, ont annoncé depuis Washington le département d'Etat et le Pentagone.

Les Américains ont envoyé 6000 militaires pour sécuriser l'aéroport et évacuer quelques 30'000 diplomates américains et civils afghans ayant coopéré avec les États-Unis, et qui craignent les représailles des talibans. De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers ont également été évacués à la hâte de Kaboul dimanche.

Les citoyens afghans et étrangers voulant fuir l'Afghanistan «doivent être autorisés à le faire», ont plaidé les Etats-Unis et 65 autres pays dans un communiqué commun. Ils ont averti les talibans qu'ils devaient faire preuve de «responsabilité» en la matière.

«Ceci n'est pas Saïgon»

L'administration du président américain, Joe Biden, a défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu'ait connue l'Amérique. «Ceci n'est pas Saïgon», a assuré dimanche le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken sur CNN, évoquant la chute de la capitale vietnamienne, en 1975, un souvenir encore douloureux pour les États-Unis.

Mais la pilule est amère pour Washington, dont l'image en ressort profondément écornée et qui déplore 2500 personnes tuées, ainsi qu'une facture de plus de 2000 milliards de dollars.

Lorsqu'ils dirigeaient ce pays, entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique. Ils ont maintes fois promis que s'ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les «valeurs islamiques». Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités.

(ATS/Blick)

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