De l'IA sur le nez
Plus malignes que celui qui les porte? Les lunettes intelligentes sont là

Et si nos lunettes devenaient soudainement plus intelligentes que nous? Au salon de la technologie CES de Las Vegas, notre journaliste Tobias Bolzern a rencontré la prochaine révolution numérique: juste devant ses yeux.
Publié: 15.01.2025 à 14:54 heures
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Le journaliste Tobias Bolzern a testé des lunettes intelligentes au salon de la technologie CES. Ce modèle de Rokid sera commercialisé cet été.
Photo: Tobias Bolzern
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Tobias Bolzern

Un homme s'adresse à moi en chinois... Et je comprends chaque mot. Comment est-ce possible? J'ai des lunettes intelligentes de Rokid sur le nez qui traduisent chaque mot en temps réel et je peux voir chaque mot directement sur le verre des lunettes. Bienvenue au Consumer Electronics Show (CES) 2025 de Las Vegas, le plus grand salon technologique du monde.

Sur près d'un stand sur dix, les fabricants présentent différents appareils dotés d'intelligence artificielle (IA) ou fonctionnant avec le principe de réalité augmentée (RA). Pour ma part, j'ai essayé une bonne douzaine de lunettes intelligentes.

Discrètes, encombrantes ou très utiles

Mais de quoi ces lunettes intelligentes sont-elles capables exactement? Tout d'abord, elles peuvent être grossièrement classées en trois catégories:

  • Discrètes: une technologie intelligente qui passe inaperçue pour la personne en face de nous. Ces lunettes, comme le modèle à succès Ray-Ban Meta ou les lunettes Chamelo, misent sur des fonctions telles que des caméras et de petits haut-parleurs incrustés dans les branches, ces dernières pouvant même se transformer en lunettes de soleil lorsqu'on appuie sur un bouton.
  • Sophistiquées mais incommodantes: des modèles comme le Xreal One Pro ou le Vuzix Ultralite Pro montrent ce qui est techniquement possible. Ecrans virtuels, matches sportifs en direct ou films immersifs. Mais celles-ci sont souvent encombrantes et nécessitent des packs de batteries externes.
  • Extraordinairement pratiques: c'est là que les lunettes comme Rokid, Halliday ou Even Realities brillent. Elles combinent IA et RA, traduisent les conversations en temps réel ou servent encore de téléprompteur.

Les prix oscillent entre 200 et 800 dollars. Les lunettes fonctionnent aussi bien avec des iPhones qu'avec des appareils Android. Mais elles ont plusieurs défauts: les batteries ne durent que quelques petites heures, la commande réagit parfois avec une lenteur extrême, les affichages virtuels n'apparaissent que dans une petite partie du champ de vision. Même les lunettes avancées Rokid présentent ces faiblesses.

Le paradoxe des porteurs de lunettes

Et puis il y a un petit détail que les fabricants ont ignoré: les capacités de nos yeux. Avec mon hypermétropie, je ne peux pas lire de nombreux mini-affichages sans plisser les yeux. La solution? Porter des lentilles de contact sous les lunettes. Certains fabricants proposent également des corrections à coller ou à épingler, mais cela rend ces lunettes intelligentes bien plus encombrantes.

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Jusqu'à présent, il y a deux voies: les lunettes pour servir la réalité augmentée et les lunettes comme support de l'IA
Chi Xu, directeur de l'entreprise Xreal
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Ce qui est frappant au CES, c'est qu'aucun fabricant ne semble savoir exactement à quoi doivent ressembler les lunettes intelligentes parfaites. Les uns misent sur un design agréable, d'autres y intègrent au forceps la technologie que la monture peut offrir et ceux qui restent ne jurent que par l'inclusion efficace de la réalité augmentée ou de l'intelligence artificielle. «Jusqu'à présent, il y a deux voies: les lunettes pour servir la réalité augmentée et les lunettes comme support de l'IA», explique le directeur de Xreal, Chi Xu. «Un jour, ces mondes convergeront, mais cela prendra du temps.»

Mes lunettes et moi

Les lunettes intelligentes présentées au CES 2025 étaient somme toute fascinantes, mais elles montrent aussi jusqu'où ces technologies doivent aller pour devenir utilisables au quotidien. 

Une pensée demeure: ces lunettes rappellent le premier smartphone d'il y a plus de 30 ans – une promesse de changement futur. En attendant cet avenir plus ou moins proche, je garde mes lunettes conventionnelles. Elles ne peuvent peut-être pas traduire le chinois, mais au moins, elles me montrent le monde avec une grande netteté.

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