Crise en Allemagne
Olaf Scholz se dit prêt à avancer la date d'élections anticipées

Le chancelier Olaf Scholz envisage des élections anticipées en Allemagne après la chute de sa coalition. Il a limogé le ministre des Finances Christian Lindner et se soumettra à un vote de confiance le 15 janvier.
Publié: 08.11.2024 à 18:50 heures
Photo: IMAGO/Bernd Elmenthaler
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AFP Agence France-Presse

Face à la pression croissante, le chancelier Olaf Scholz s'est déclaré ouvert vendredi à des discussions pour accélérer la tenue d'élections anticipées en Allemagne après la chute de sa coalition gouvernementale. C'est la première fois qu'il s'exprimait sur le sujet depuis le coup de tonnerre de mercredi soir, quand il a annoncé le limogeage du ministre des Finances libéral Christian Lindner en raison de profonds désaccords sur la politique économique, et son intention de se soumettre à un vote de confiance des députés le 15 janvier.

En vertu de ce calendrier, des législatives anticipées ne pourraient pas avoir lieu avant mars. Mais les appels se multiplient pour qu'elles se tiennent plus tôt, si possible en janvier, alors que les défis sont nombreux pour la première économie européenne, au bord de la récession et qui craint les conséquences d'un retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis.

Appel à un «débat serein»

S'exprimant à Budapest en marge d'un sommet européen, Olaf Scholz a laissé entrevoir la possibilité d'un marché avec les partis d'opposition, au premier rang desquels les conservateurs, s'ils acceptaient de soutenir certains projets de loi en suspens. Il a appelé les députés à un «débat serein» sur les textes qui peuvent encore être approuvés par le Parlement, même si son gouvernement est désormais minoritaire, soutenu uniquement par les sociaux-démocrates et les Verts. Cela «pourrait aider à répondre à la question de savoir quel est le bon moment» pour un vote de confiance conduisant à des élections anticipées, a-t-il ajouté.

L'opposition conservatrice a dans l'immédiat rejeté cette main tendue, fixant l'organisation rapide du vote de confiance comme préalable à toute négociation. «D'abord la question de confiance, ensuite nous pourrons parler des sujets», a rétorqué le député Alexander Dobrindt (CSU). Dans la mesure où il ne dispose plus d'une majorité parlementaire suffisante pour gouverner, Olaf Scholz devrait perdre le vote de confiance.

«Chancelier, cédez la place!»

Le président Frank-Walter Steinmeier aura alors 21 jours pour dissoudre le Bundestag et de nouvelles élections devront avoir lieu dans un délai de 60 jours. Selon un sondage publié vendredi, les deux tiers des Allemands aspirent à de nouvelles élections sans délai. «Chancelier, cédez la place!», a écrit la rédactrice en chef de Bild, le journal le plus lu d'Allemagne, dans un éditorial.

Parmi les textes que le gouvernement souhaiterait passer avant dissolution du parlement, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser a mentionné celui visant à protéger l'indépendance de la Cour constitutionnelle, préparé en consensus avec les conservateurs.

A Budapest, le chancelier a dit sentir «beaucoup de solidarité» de la part de ses pairs européens. «Beaucoup m'ont tapé sur l'épaule. Beaucoup ont l'expérience de gouvernements de coalition et savent que c'est de plus en plus difficile (...)», a-t-il dit. A son retour en Allemagne, il retrouvera un pays en pleine effervescence électorale. En pointe, le chef des conservateurs de la CDU, Friedrich Merz, omniprésent dans les médias. «Que Scholz pose la question de confiance la semaine prochaine» à l'occasion d'une déclaration prévue mercredi, a lancé le leader de 68 ans, qui aurait de bonnes chances de devenir chancelier en cas d'élections. Dans le magazine Stern, Merz réclame des élections dès le 19 janvier, un jour avant l'investiture du président américain élu Donald Trump.

Les sondages créditent la CDU et son allié bavarois CSU d'environ 34% des suffrages, devant l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), autour de 17-18%. Du côté des Verts, seul allié restant de Scholz, le vice-chancelier et ministre de l'Economie Robert Habeck a annoncé, dans une vidéo tournée dans une cuisine, son entrée en lice pour diriger le pays. Une profession de foi accueillie avec sarcasme par Friedrich Merz qui a ironisé sur «un candidat à la chancellerie avec 9% d'intentions de vote».

Mais le chef des conservateurs doit aussi s'attendre en cas de victoire aux élections à la complexité de la formation d'une coalition, car il rejette toute alliance avec l'AfD. Resteront comme alliés éventuels le SPD (16%), les Verts, et éventuellement les libéraux du FDP, ex-alliés de Scholz, s'il parviennent à recueillir 5% des votes.

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