Crise boursière
«L'arnaque à l'égard des Etats-Unis est terminée»: qui sont les conseillers derrière la stratégie de Trump?

La guerre commerciale de Donald Trump sème l’inquiétude à travers le monde. Mais qui conseille au président américain sa stratégie? Et dans quels objectifs, sachant que l'économie américaine est la première touchée?
Publié: 10.04.2025 à 11:22 heures
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Dernière mise à jour: 10.04.2025 à 11:39 heures
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Le ministre du Commerce Howard Lutnick a présenté le tableau des «droits de douane réciproques» avec Trump.
Photo: AFP
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Gabriel Knupfer

Avec sa guerre commerciale, Donald Trump provoque une insécurité à l’échelle mondiale. Mais quels sont les véritables objectifs de sa politique? La communauté internationale s’interroge. Trump cherche-t-il simplement à se placer dans une position de force pour négocier, ou souhaite-t-il réellement rapatrier l’ensemble de l’industrie aux États-Unis? 

Depuis les années 1980 déjà

Ce qui est certain, c’est que Trump est depuis longtemps un fervent partisan des droits de douane. Déjà dans les années 1980, alors qu’il était encore promoteur immobilier, il réclamait de lourdes taxes sur les produits japonais, estimant que les États-Unis se faisaient «arnaquer» par le Japon. Durant son premier mandat, il a lancé une guerre commerciale contre la Chine, toujours en cours aujourd’hui, et désormais en pleine escalade. 

Cette fois, c'est presque le monde entier qui est touché par les droits de douane. Pour comprendre les dessous de la guerre douanière actuelle, il vaut la peine de jeter un coup d'œil sur les personnes qui soutiennent et conseillent Trump dans ce contexte. Voici les trois hommes derrière la politique douanière du président américain.

Peter Navarro, l'influent conseiller

L'économiste Peter Navarro avait déjà conseillé Trump lors de son premier mandat et il est considéré comme l'architecte des tarifs punitifs imposés à la Chine à l'époque. Avant cela, en tant que professeur, l'économiste avait accusé la Chine de subventionner ses exportations par des méthodes illégales, lui permettant ainsi de s'assurer un avantage commercial. Il s'agit précisément de cette pratique que Trump critique dans le commerce mondial actuel. 

Aujourd'hui, l'homme est à nouveau un proche conseiller de Trump sur les questions économiques et une force motrice derrière l'isolation de l'économie américaine. Le patron de Tesla, Elon Musk, qui a voulu empêcher les droits de douane jusqu'au bout, a déclaré sur X que Peter Navarro est «plus bête que ses pieds». Par ailleurs, le professeur est également considéré comme un outsider parmi les économistes en raison de son protectionnisme.

Oren Cass, le théoricien

Bien qu'il ne fasse pas directement partie du gouvernement, le professeur d'économie Oren Cass est étroitement lié au vice-président J.D. Vance et au ministre des Affaires étrangères Marco Rubio. Le chef du groupe de réflexion conservateur «American Compass» fournit au gouvernement des arguments en faveur de la guerre douanière. 

Des droits de douane plus élevés aideraient la classe ouvrière et l'industrie, selon Oren Cass, qui souhaite faire des républicains un parti pour les petites gens. De fait, Donald Trump a obtenu en novembre un score particulièrement élevé auprès des Américains sans diplôme de fin d'études secondaires.

Comme Trump, Oren Cass considère le déficit commercial comme la preuve que les Etats-Unis sont désavantagés dans leurs relations commerciales. Mais le professeur d'économie est également controversé parmi les économistes, comme le montre un portrait publié dans le journal allemand «Frankfurter Allgemeine Zeitung». On lui reproche de travailler avec des chiffres erronés et de passer sous silence les conséquences négatives des droits de douane sur l'industrie américaine et les consommateurs. 

Howard Lutnick, le responsable clé

En tant que ministre du Commerce, Howard Lutnick est fortement impliqué dans l'élaboration des droits de douane. Au sein du gouvernement, il est considéré comme l'architecte des fameux «droits de douane réciproques», qui ont provoqué la chute des marchés boursiers la semaine dernière. 

Le tableau des droits de douane montré par le président lors de sa conférence de presse est à mettre au crédit de ce ministre. Le fait que les droits de douane ne soient pas calculés en fonction des tarifs des partenaires commerciaux, mais en fonction du déficit commercial de chaque pays, est délibéré. L'objectif: permettre aux produits américains de se vendre mieux sur le marché mondial à l'avenir. 

Ces derniers jours, l'ex-banquier d'investissement et milliardaire a défendu sa politique: «L'arnaque à l'égard des États-Unis est terminée, toutes les entreprises déplaceront leur production chez nous», a-t-il déclaré à la chaîne CBS. La marge de négociation que les États-Unis accordent à leurs partenaires commerciaux semble donc très limitée. Trump réorganisera le commerce mondial, selon Howard Lutnick.

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