Plus l'échéance électorale américaine se rapproche, plus il est certain qu'aucun sujet ne préoccupe autant les Etats-Unis que l'immigration. Lors des meetings électoraux, le candidat républicain Donald Trump parle ouvertement d'une «Amérique occupée». Son adversaire démocrate Kamala Harris fait clairement savoir qu'en tant que présidente, elle s'engagerait pour davantage de personnel et des scanners de drogue à la frontière avec le Mexique.
Après trois années marquées par un nombre record de passages illégaux à la frontière sous le gouvernement de Joe Biden, la situation à cette même frontière s'est quelque peu stabilisée ces derniers mois. «Mais de nombreux gardes-frontières sont complètement épuisés et démoralisés», explique Samuel Hall, chef de la milice frontalière privée «Patriots for America». «Même si personne ne vous le confirmera officiellement, les autorités sont heureuses de pouvoir compter sur notre soutien», rajoute-t-il.
Depuis 2015, le groupe de Samuel Hall est principalement actif au Texas et patrouille le long de la frontière, armé de fusils AR-15, pour intercepter les migrants illégaux. Samuel Hall affirme que son groupe comble une lacune et aide à stopper la «marée de migrants» qui, sinon, déborderait sur son pays d'origine. «Kamala Harris et Joe Biden se réjouissent bien sûr de cette marée. Ils veulent faire venir tous ces migrants, les naturaliser et en faire des électeurs démocrates», affirme le milicien américain.
«Nous ne laissons mourir personne»
Les organisations privées de protection des frontières telles que «Patriots for America» de Samuel Hall ne sont pas interdites en soi en Amérique, mais elles sont controversées. Les critiques reprochent aux milices privées de ne pas former suffisamment leurs membres et de s'accommoder ainsi d'une violence inutile lors de leurs interventions.
Samuel Hall souligne toutefois que sa troupe agit de manière très professionnelle – sans révéler de détails sur sa composition ou sa formation. Il se contente d'indiquer: «Nous effectuons des contrôles d'antécédents stricts afin de vérifier le caractère et les intentions des candidats. Huit ou neuf candidats sur dix ne remplissent même pas nos questionnaires. Ils sont immédiatement éliminés.»
Il se permet d'ajouter: «Les Patriots sont avant tout un groupe chrétien. Nous accordons une grande importance à l'amour du prochain. Nous ne laissons mourir personne qui vient à notre frontière.»
Le fondateur d'une ancienne milice doute de son efficacité
Jim Gilchrist est en quelque sorte un collègue de Hall. Il a autrefois fondé le «Minuteman Project», aujourd'hui dissous. Tout comme les «Patriots for America», il s'agit d'une milice privée de protection des frontières. Jim Gilchrist déclare à Blick que les opérations de patrouille comme celles des «Patriots for America» sont certes bien intentionnées, mais finalement inefficaces.
Il explique: «Notre gouvernement n'applique pas les lois en vigueur sur la migration. Il ne sert donc à rien d'envoyer des volontaires à la frontière pour des missions dangereuses afin d'arrêter les migrants illégaux. Nos autorités laisseront de toute façon les migrants repartir.»
Libérer les enfants des griffes des cartels
Samuel Hall s'oppose fondamentalement à cette idée. «Depuis 2019, notre objectif principal est de stopper le trafic d'êtres humains dans notre pays et de libérer des enfants sans défense des griffes des cartels mexicains. Et croyez-moi, la présence d'hommes armés à notre frontière a un effet dissuasif sur les gangs qui veulent emmener des enfants et des adolescents aux États-Unis pour le travail sexuel et d'autres travaux forcés.» Selon lui, face à des autorités frontalières débordées, son organisation apporte une contribution importante à la protection des plus faibles.
Il est difficile de chiffrer l'ampleur réelle de la traite des êtres humains à la frontière américano-mexicaine. Samuel Hall parle de 300'000 enfants qui ont été amenés aux Etats-Unis ces dernières années et qui ont ensuite disparu sans laisser de traces. L'agence officielle américaine de protection des frontières indique qu'en 2022, elle a intercepté un total de 152'000 enfants et adolescents non accompagnés à la frontière.
Prêt à se battre tous les jours
Samuel Hall ne peut pas dire combien de mineurs ses hommes ont arrêté et remis aux autorités depuis 2019. «Mais nous continuerons à nous battre chaque jour pour que des enfants innocents ne soient plus sacrifiés sur l'autel politique», dit-il à Blick.
C'est précisément pour cette raison que son organisation a mis en place des initiatives efficaces contre les pédophiles en ligne. Dans trois États, des arrestations ont déjà eu lieu grâce au travail des «Patriots for America». «Nous ne sommes malheureusement pas à court de travail pour longtemps encore», déplore-t-il.