Condamnés à mort en Iran
La liste noire du régime des Mollahs

L'Iran est en état d'urgence depuis la mort de la jeune kurde Mahsa Amini le 16 septembre, décédée des suites de violences policières, selon les manifestants et de nombreuses ONG. Téhéran a depuis établi une liste mortelle des manifestants en «guerre contre Dieu».
Publié: 14.12.2022 à 19:45 heures
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Le rappeur Toomaj Salehi risque la peine de mort.
Photo: Instagram @toomajofficial
Lena Heimhalt

Samedi, le quotidien iranien «Etemad» a publié une liste établie par les autorités judiciaires, sur laquelle 25 personnes sont accusées de «Moharebeh». Cette accusation de «guerre contre Dieu» est passible de la peine de mort, selon la conception de la loi islamique.

Le rappeur Mohsen Shekari, exécuté jeudi dernier, faisait partie de cette liste. Il était accusé d'agression sur un agent de sécurité, d'incitation à la terreur et de bloquer une route. Il avait 23 ans. C'était aussi l'âge de Majidreza Rahnavard, exécuté lundi matin. Le manifestant a été pendu à une grue dans la ville de Machad, au nord-est du pays.

Des noms connus sur la liste...

Ces exécutions ont fait vivement réagir au niveau international. Pourtant, la justice iranienne continue. Plusieurs noms connus figurent sur la liste des morts.

L'un d'entre eux est celui du rappeur kurde Saman Seyedi, connu sous le nom de Saman Yasin, arrêté le 31 octobre. Dans ses chansons, il chante l'oppression de la population dans son pays. Un autre rappeur, Toomaj Salehi, est également sous les verrous et risque la peine capitale. Il est notamment connu pour critiquer les directives du gouvernement. Behrad Ali Konari est le quatrième rappeur à être cité. Tous sont accusés d'avoir publié des mensonges et d'avoir collaboré avec des gouvernements hostiles, sous forme de propagande.

Des sportifs figurent également sur la liste. Outre Majidreza Rahnavard, figure importante de la révolution, le karatéka Mohammad Mehdi Karami est également accusé et aurait été condamné à mort. Le régime lui reproche d'avoir participé à l'assassinat d'un membre de la milice Basij, en charge de la sécurité intérieure et extérieure de l'Iran.

... et aussi des mineurs

Trois mineurs risquent également d'être condamnés à mort prochainement, selon Amnesty International. Dix jours après la commémoration de l'assassinat de la militante de la liberté Hadis Najafi, trois camarades de classe, Amir Mohammed Jaafari, Arin Farzam Nia et Amin Mehdi Shakarollahi, tous trois âgés de 17 ans, ont été arrêtés dans leur école.

Le couple Ghareh-Hassanlou a également été interpellé après avoir participé à une cérémonie commémorative. Le radiologue Hamid Ghareh-Hassanlou a été condamné à mort à Karaj. Sa femme, Farzaneh Ghareh-Hassanlou, devrait être emprisonnée pour 25 ans.

Le nombre de cas non déclarés devrait en outre être élevé. Ainsi, les organisations de défense des droits de l'homme citent plusieurs noms qui ne figurent pas sur la liste publiée par «Etemad».

Les relations internationales mises à mal

Devant les nombreuses craintes et accusations des ONG envers les actions du gouvernement contre sa population, Emmanuel Macron avait rencontré des opposantes et témoigné publiquement de son soutien à leur égard. L'Iran n'avait pas manqué de qualifier de «regrettables et honteuses» les déclarations du président français. Le gouvernement de Téhéran avait aussi réagi aux propos d'Olaf Scholz, le chancelier allemand. «Quel genre de gouvernement êtes-vous pour tirer sur ses propres citoyens? Quiconque agit de cette manière doit s’attendre à notre opposition», avait-il critiqué. L'Iran a ainsi annoncé la «destruction des relations historiques» entre les deux pays et qualifié cette position d'«interventionniste» et «provocatrice».

Pour rappel, selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), au moins 326 personnes ont été tuées par les forces de sécurité lors de la répression des manifestations.

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