Après 15 mois de guerre à Gaza, la paix semble proche. Israël et le Hamas se sont mis d'accord, grâce à la médiation des Etats-Unis, du Qatar et de l'Egypte, sur un cessez-le-feu valable 42 jours – pour l'instant. L'accord doit encore être signé dans ces prochains jours. Les islamistes doivent libérer par étapes les otages israéliens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, soutenu par des juifs ultraconservateurs, a accepté l'accord bien qu'il n'ait pas atteint son objectif d'éradiquer complètement le Hamas. Cette trêve va-t-elle le faire tomber?
Trump a fait pression
Après l'attaque du 7 octobre, environ 1200 personnes ont été tuées dans l'Etat hébreu. Benjamin Netanyahu avait réagi et lancé une guerre sanglante qui a tué près de 47'000 Palestiniens. Il avait notamment indiqué: «Nous n'avons absolument pas d'autre choix que d'anéantir le Hamas.» Un premier cessez-le-feu a été instauré en novembre 2023. Il a duré plusieurs jours et a donné lieu à un échange d'otages contre des prisonniers palestiniens.
D'autres négociations ont depuis échoué – non seulement à cause du Hamas, mais aussi de Benjamin Netanyahu, qui subit la pression des nationalistes. Ils ne veulent pas entendre parler de paix tant que le Hamas existe encore.
Jusqu'à présent, Benjamin Netanyahu a suivi le cours des partisans de la ligne dure et a résisté à la pression de la partie adverse, dont font partie certaines familles des otages. Pourquoi s'engage-t-il maintenant sur la voie de la paix? Eckart Woertz, directeur du Giga-Institut für Nahost-Studien à Hambourg, explique pour Blick: «La pression de Donald Trump a sans doute été décisive.»
Le républicain, qui entrera lundi à la Maison Blanche, a une grande influence sur Benjamin Netanyahu. Et ce dernier connaît parfaitement l'importance des Etats-Unis en tant que puissance protectrice. Donald Trump veut s'ériger en monument comme faiseur de paix – autant au Proche-Orient qu'en Ukraine.
Colère de l'ultra-droite
Avec cet accord – qui devrait être voté par le Parlement ce vendredi, Benjamin Netanyahu s'attire toutefois la colère de l'ultra-droite dure. Le ministre de la Sécurité Itamar Ben-Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont déjà menacé de renverser le gouvernement.
Itamar Ben-Gvir qualifie l'accord sur X d'«horrible» et reproche à Benjamin Netanyahu de réduire à néant les succès militaires dans la bande de Gaza en libérant des «centaines de terroristes meurtriers». Car l'accord prévoit la libération de détenus palestiniens. «C'est une capitulation d'Israël devant le Hamas», estime Itamar Ben-Gvir.
Avec ce deal, Benjamin Netanyahu perd du soutien chez les ultraconservateurs. Mais une question persiste: acceptera-t-il sa chute pour le deal de paix? Eckart Woertz, expert du Proche-Orient, relativise. «Certes, les extrémistes de droite s'agitent et font pression, mais leur influence n'est plus aussi grande depuis que Benjamin Netanyahu a fait entrer Gideon Saar dans sa coalition.»
Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar est le chef du Parti conservateur Nouvel espoir, qu'il a fondé en 2020 après avoir quitté le Likoud de Benjamin Netanyahu à cause de désaccords. Gideon Saar, un modéré, est considéré comme un tampon et un médiateur entre les fronts.
L'accord est en danger
Pour l'instant, il est trop tôt pour Eckart Woertz de spéculer sur le sort de Benjamin Netanyahu. Mais ce qui est sûr, c'est que pour sauver sa peau, le Premier ministre israélien doit convaincre les partisans de la ligne dure du bien-fondé de l'accord et leur faire comprendre que Trump – le grand ami d'Israël – est personnellement impliqué.
Malgré l'annonce de cette trêve, plus de 70 Palestiniens ont été tués dans la nuit de mercredi à jeudi. Benjamin Netanyahu reproche encore au Hamas de refuser son accord sur plusieurs points et de vouloir «extorquer des concessions de dernière minute» – ce que le Hamas réfute. Lors des discussions détaillées, le Hamas aurait exigé la libération de détenus qu'Israël ne veut pas remettre en raison de la gravité de leurs délits. L'accord, qui suscite tant d'espoir, repose sur des bases très fragiles.