Le président américain Joe Biden a tellement déçu ses électeurs potentiels et son parti avec sa prestation lors du débat face à Donald Trump que de nombreuses voix appellent désormais à ce qu'il renonce à sa candidature. Detlef Junker, directeur fondateur émérite du Heidelberg Center for American Studies, a déclaré à Blick: «Les démocrates sont contraints de désigner un nouveau candidat. C'est politiquement et juridiquement difficile, mais ce serait la seule possibilité d'éviter un suicide politique du parti.» Mais quelles seraient les personnalités capables de remplacer Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche? Tour d'horizon.
Gavin Newsom, gouverneur de Californie
Pendant longtemps, Gavin Newsom a été considéré comme l'arme secrète des démocrates pour lutter contre Donald Trump. Le gouverneur californien, 56 ans, a tout pour faire un excellent candidat à la présidence: expérience de direction, charisme et de bonnes chances de gagner contre Trump. Ce dernier le sait: en octobre déjà, il a tiré à boulets rouges sur Gavin Newsom. Probablement par peur de devoir se présenter contre lui.
Ce juriste aux racines irlandaises est issu d'une famille de juges et s'est fait un nom en tant que maire de San Francisco lorsqu'il a rendu possible le mariage homosexuel dès 2004. En outre, il a suspendu la peine de mort dans son État en 2019. Le Californien est considéré comme modéré, intelligent et proche des citoyens.
Toujours est-il que Gavin Newsom souligne à chaque occasion sa loyauté envers Joe Biden. Il faudrait donc que le président américain se mette volontairement de côté et lui demande expressément de mener la campagne pour qu'il se lance.
Kamala Harris, vice-présidente américaine
Ce serait l'alternative évidente (et officielle) à Joe Biden: Kamala Harris. En tant que vice-présidente des Etats-Unis, elle est déjà bien intégrée dans l'administration. À 59 ans, elle serait en outre la première femme (noire de surcroit) à occuper la fonction suprême de l'Amérique. Symbolique, mais impossible.
Kamala Harris est tombée en disgrâce dès les premiers mois de la législature Biden. Depuis, elle n'apparaît que rarement lors des rendez-vous officiels et se fait généralement discrète. À cela s'ajoute le fait que sa cote de popularité d'à peine 39% est encore plus mauvaise que celle de Joe Biden lui-même. Davis Warren, professeur de politique internationale à l'Université de Saint-Gall, explique à Blick: «Si Kamala Harris se présentait, elle pourrait rapidement être critiquée pour sa déloyauté envers Biden.»
Antony Blinken, secrétaire d'État américain
Le spécialiste du droit public Oliver Diggelmann, de l'Université de Zurich, met en avant un autre candidat possible: l'actuel secrétaire d'État américain, Antony Blinken. Depuis 2021, l'homme de 62 ans travaille à la Maison Blanche et est donc aussi au cœur du pouvoir. Toutefois, il n'est pas un politicien de carrière, mais un pur bureaucrate. Cela pourrait compliquer sa position. En outre, il n'est pas certain qu'il soit intéressé par le poste.
Pete Buttigieg, secrétaire d'État américain aux transports
Pete Buttigieg a longtemps été considéré comme un espoir pour l'avenir démocrate. En tant que ministre des Transports, il s'est toutefois rendu vulnérable l'année dernière après l'accident de train d'East Palestine dans l'État de l'Ohio. Des produits chimiques toxiques avaient alors été libérés et les républicains n'avaient pas été les seuls à lui reprocher de ne pas avoir réagi.
Pour l'instant, l'homme de 42 ans semble s'être mis hors-jeu dans la course à la présidence. Mais son heure peut encore venir. Peut-être même dès novembre 2024?
Michelle Obama, ancienne première dame
C'est le grand souhait de nombreux démocrates américains. Elle pourrait réussir, avec l'ancien président Barack Obama, là où les Clinton ont échoué: présider le pays tour à tour au sein du même couple. Sa cote de popularité est meilleure que celle de Joe Biden ou de Kamala Harris. Selon «Newsweek», 46% des Américaines souhaiteraient que l'ancienne First Lady devienne présidente. Et même un électeur de Trump sur cinq la soutiendrait.
Jusqu'à présent, Michelle Obama a toutefois refusé avec fermeté de se présenter. «La politique est dure», a-t-elle déclaré lors d'une émission spéciale sur Netflix. «Et les gens qui s'y engagent… il faut le vouloir. Il faut que ce soit dans votre âme, parce que c'est tellement important. Ce n'est pas dans mon âme.»