La marche d'Evgueni Prigojine sur Moscou, bien qu'elle ait échoué, a eu des conséquences déstabilisantes sur la population russe. La banque centrale russe révèle que près de 100 milliards de roubles, l'équivalent d'un milliard de francs, ont été retirés des comptes bancaires entre le 23 et le 25 juin, pendant la révolte de Wagner. Cela représente un cinquième du montant total retiré au cours du mois de juin.
Cette demande massive de liquidités est la plus importante depuis l'annonce de la mobilisation à l'automne 2022, ce qui avait déjà provoqué la panique et incité de nombreux Russes à quitter le pays. De plus, la marche de Wagner a entraîné une pénurie temporaire de vols au départ de Moscou, selon le journal indépendant «Moscow Time».
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Les conséquences financières et l'avertissement pour le Kremlin
La révolte d'Evgueni Prigojine a engendré une grande insécurité chez les Russes, les poussant à se tourner vers les devises étrangères. Cette confusion financière a entraîné une chute du rouble par rapport à l'euro, atteignant son plus bas niveau depuis le début de la guerre. La banque centrale a dû intervenir pour stabiliser la situation. A titre de comparaison, après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, 100 roubles valaient 0,64 euro.
Fin juin 2022, le taux de change s'est redressé à 1,84, mais après la marche sur Moscou, il a rechuté à moins d'un euro. L'expert russe Ulrich Schmid de l'université de Saint-Gall souligne que le taux de change du rouble est un indicateur de la crise du pays. Selon lui, l'effet de la révolte d'Evgueni Prigojine sur le taux de change est un avertissement pour les dirigeants russes.
Une possible nouvelle révolte en vue?
Malgré une réconciliation apparente entre le président russe Vladimir Poutine et Evgueni Prigojine, de nouvelles révoltes pourraient éclater en Russie. Des tensions sont également palpables au sein de l'armée russe, suite à la destitution du major-général Ivan Popov, qui avait critiqué en interne la conduite de la guerre en Ukraine.
La colère gronde parmi les troupes. Si l'armée se retourne contre l'état-major russe, le ministre de la Défense – et éventuellement contre le président –, la situation pourrait devenir dangereuse pour le trio Valeri Guerassimov, Sergueï Choïgou et Vladimir Poutine. Igor Sushko, un activiste ukrainien, a même suggéré sur Twitter que la prochaine rébellion armée contre Vladimir Poutine pourrait être menée par l'armée russe elle-même.