Cessez-le-feu en Ukraine
Trump est-il en train de tomber dans le piège tendu par Poutine?

Vladimir Poutine a enfin réagi jeudi à la proposition de trêve américano-ukrainienne. Verdict: il en sera... mais seulement sous certaines conditions. En y regardant de plus près, la position Russe a tout d'un traquenard. Pour Trump, comme pour Kiev.
Publié: 14.03.2025 à 10:29 heures
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Dernière mise à jour: 14.03.2025 à 14:08 heures
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Vladimir Poutine n'acceptera la trêve que sous certaines conditions.
Photo: Getty Images
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Samuel Schumacher

Acceptera? Acceptera pas? La question a animé Américains et Ukrainiens pendant les presque 48 heures ayant suivi leur proposition de cessez-le-feu en Ukraine. Avant que Vladimir Poutine ne réponde enfin: «J'en suis… mais à certaines conditions.»

Lors d'une conférence de presse organisée jeudi à Moscou, le chef du Kremlin a formellement réagi à la proposition américano-ukrainienne. «Nous approuvons le cessez-le-feu, mais seulement en supposant qu'il conduise à une paix à long terme.» Et de préciser: «Pour cela, il faut éradiquer les causes de la crise.»

Les exigences de Poutine

Contrairement à l’Ukraine, qui a accepté sans condition la proposition américaine d’une pause d’un mois dans la guerre, Vladimir Poutine pose plusieurs conditions avant de rappeler ses troupes. A commencer par un arrêt des livraisons d'armes à Kiev et la fin immédiate de la mobilisation ukrainienne. A cela, s'ajoutent d'autres exigences que l'Institut d'études de la guerre de Londres résume ainsi:

  • pas d'adhésion à l'OTAN pour l'Ukraine
  • pas de troupes étrangères en Ukraine
  • une zone tampon le long de la frontière russo-ukrainienne
  • une forte réduction des effectifs de l'armée ukrainienne
  • de nouvelles élections

Et sans doute le plus important:

  • le retrait de l'Ukraine des quatre régions officiellement annexées par la Russie, mais loin d'être conquises, à savoir Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson.

Or, jamais Kiev n'acceptera de se retirer volontairement des régions encore sous son contrôle. Cela équivaudrait à une capitulation. Ni plus ni moins.

Le point final de Donald Trump

La question cruciale reste désormais de savoir comment l'Amérique va réagir à la réponse de Vladimir Poutine. Il l'a dit et répété: Donald Trump veut un accord de paix rapide, et à tout prix. Dans une première réaction, Trump a estimé jeudi soir que la déclaration de Poutine était «prometteuse», mais pas suffisante. Il s'est en outre dit prêt à en discuter directement avec le président russe.

Poutine a quant à lui toutes les raisons de se réjouir: s'il réussit à faire croire à Trump que lui seul peut mettre un point final à cette histoire, les Etats-Unis pourraient à nouveau laisser tomber l'Ukraine et contraindre Kiev à capituler.

Vers de nouvelles sanctions?

Mais Trump restera-t-il fidèle à lui-même jusqu'au bout? Si c'est le cas, il pourrait imposer de nouvelles sanctions économiques à la Russie si elle ne coopère pas inconditionnellement. Pire, il pourrait équiper les Ukrainiens de nouveaux systèmes d’armes pour leur permettre de repousser les Russes.

Un bref coup d’œil aux livres d’histoire nous le montre également: peu importe ce que disent ou signent les Russes, la prudence doit être de mise. La signature par Moscou du Mémorandum de Budapest en 1994 en est la preuve parfaite: l'Ukraine avait alors renoncé à l'intégralité de son arsenal nucléaire, le 3e plus grand au monde. En échange, la Russsie promettait ... de ne jamais violer les frontières de l'Ukraine. 

On le sait désormais: cela n'a pas fonctionné. Et l’Ukraine ne se laissera pas prendre une seconde fois.

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