«Cela a été une mission difficile», a affirmé Mariana Katzarova, rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Russie, pour son premier discours devant le Conseil des droits de l'homme. Elle accuse la Russie d'avoir tenté de dissuader les autres mécanismes onusiens de collaborer avec elle.
Malgré l'interdiction d'accès au territoire russe, elle dit avoir reçu des indications de près de 200 sources à l'intérieur et à l'extérieur du pays. «Je les applaudis», a-t-elle insisté en parlant des interlocuteurs qui ont souhaité dialoguer avec elle malgré la possibilité d'être détenus, torturés ou tués.
513 personnes auraient été poursuivies en Russie
En raison des menaces de représailles contre ces personnes, elle ne dévoilera pas leur identité. Malgré toutes ces difficultés, le volume d'indications montre l'importance «des défis des droits humains auxquels la société russe fait face actuellement», a ajouté Mariana Katzarova. «La situation est grave en Russie aujourd'hui», a-t-elle encore dit.
Dans son rapport dévoilé lundi, elle affirmait qu'elle s'est même «significativement détériorée» dans le pays depuis le début de la guerre en Ukraine. Elle dénonçait notamment l'augmentation des condamnations «politiquement motivées». Rien que l'année dernière, 513 personnes ont été poursuivies pour ce type de charges et 198 affaires ont été lancées cette année.
Le chiffre atteint plus de 3000 depuis une vingtaine d'années. Les lourdes condamnations prononcées récemment contre les opposants Alexeï Navalny et Vladimir Kara-Murza sont inquiétantes en termes «d'instrumentalisation du système judiciaire pour des objectifs politiques», selon le rapport.
Abolition des législations qui violent les droits humains
La rapporteuse spéciale demandait d'abolir toutes les législations qui violent les droits humains, comme celles sur les «agents étrangers», sur la «désinformation» contre l'armée russe ou «le discrédit» de celle-ci. Des centaines de personnes ont été affectées. Et le recours à la torture reste largement répandu dans les prisons, selon le rapport.
Le mandat de Mariana Katzarova, lancé il y a un an par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, dérange lui Moscou, première grande puissance à être autant exposée devant l'instance onusienne. Or, la Russie, suspendue comme membre, fait activement campagne pour tenter de récupérer son siège lors de l'élection prévue en octobre à l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Jeudi, elle n'a pas souhaité répondre à la rapporteuse à Genève.
(ATS)