La propagande russe est malheureusement monnaie courante depuis le début de la guerre en Ukraine. Et décidément, l’armement et le nucléaire sont les sujets de prédilection pour déstabiliser les Occidentaux et galvaniser les troupes au front. Comme le rapportait Blick, les autorités russes se vantent de posséder des armes de destruction uniques au monde, capables par exemple de provoquer des tsunamis pour détruire des pays entiers comme la Grande-Bretagne.
Une infographie surréaliste
Dans les derniers jours du mois d’avril, la chaîne de télévision d’État russe Rossiya-1 n’a pas hésité à faire l’éloge des armes nucléaires et de la force de frappe du Kremlin sur ses voisins européens. Sur le plateau, l’élu de la Douma Alexeï Jouravlev se monte véhément et vante l’utilisation du missile «Sarmat», appelé aussi «Satan 2» dans les médias. S’ensuit une infographie surréaliste où l’on voit des traits jaunes, représentant les missiles, et les différents temps nécessaires pour la frappe de grandes villes occidentales depuis l’enclave russe de Kaliningrad. Et la présentatrice d’expliquer comme si de rien n’était: «Jusqu’à Berlin, il faut compter 106 secondes. De Kaliningrad jusqu’à Paris 200. Si c’est Londres qui vous intéresse, 202 secondes.»
«C'est comme ça qu'il faut leur parler»
Cette distance par rapport à la gravité du propos fait froid dans le dos. «C’est comme ça qu’il faut leur parler, ils ne comprennent que ça», tonne-t-on en plein direct, assurant au passage que ce missile «ne peut pas être intercepté et que leurs moyens (ndrl, ceux des Occidentaux) sont limités».
Cette séquence a rapidement été reprise par de nombreux médias dont BFMTV. Selon nos confrères de «Libération», dans une autre émission de la chaîne, une propagandiste affirme: «Tout cela se terminera par un coup nucléaire […] Même si ça me paraît affreux. D’un autre côté, je réalise que - bah, voilà, c’est comme ça.» Un autre intervenant lui répond alors: «Nous irons au paradis! Et eux, ils vont simplement crever.»
Selon les experts, les affirmations russes sont fantaisistes
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Malgré le ton plein d'assurance employé par les médias russes, plusieurs experts s'accordent à dire que la menace de «Satan 2» n'est pas réelle. Le missile est en phase de développement, et n'est donc pas opérationnel. Interrogé par «Libération», le politologue Benjamin Gravisse assure aussi: «Il n’y a pas de silos d’ICBM (ndrl, intercontinental ballistic missile, soit les missiles intercontinentaux en français) à Kaliningrad: c’est mal barré pour déployer le Sarmat». Pour l'expert, le déploiement du missile relève du fantasme.
Concernant le temps de frappe nécessaire, il continue: «Les valeurs indiquées par Rossiya-1 sont absurdes. Et je reste poli. Ils se sont contentés de diviser la distance par la vitesse maximale… en ligne droite d’un ICBM. C’est con et ça ne repose sur rien de crédible, vu qu’un ICBM ça ne vole pas en ligne droite. Ça, c’est le job d’un missile de croisière».
Un autre élément qui n'est pas évoqué par la télévision russe est pourtant à prendre en compte: les lourdes représailles de l'OTAN en cas d'attaque sur un pays allié. Les pays visés possédant l'arme nucléaire et étant membres de l'OTAN, une frappe entraînerait immédiatement des représailles des Etats-Unis.
Ce n'est pas la première fois que la menace du missile «Satan 2» inquiète le monde. Dans les premiers jours de la guerre déjà, de nombreux médias avaient spéculé sur l'utilisation de ce missile capable de raser un pays entier. Si la Russie possède bien des missiles intercontinentaux, «Satan 2» semble rester dans le registre du fantasme pour le moment. Le fait de le savoir en phase de développement est toutefois suffisamment effrayant.