Budget
Le gouvernement français tend la main à la gauche

Le gouvernement français espère pouvoir présenter un budget «courant février». Pour ce faire, il espère un dialogue plus «fécond» avec les partis de gauche.
Publié: 06.01.2025 à 13:48 heures
Photo: imago/Xinhua
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AFP Agence France-Presse

Le gouvernement a dit lundi s'attendre à un dialogue plus «fécond» avec les partis de gauche que le Rassemblement national, leur tendant la main au premier jour des consultations avec les forces politiques pour préparer le budget 2025 qui prévoirait 50 milliards d'euros d'effort.

En recevant les partis politiques représentés au Parlement, les ministres de l'Economie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, espèrent les associer à la confection d'un budget de «compromis» qui puisse être adopté à l'Assemblée nationale, où l'ancien Premier ministre Michel Barnier avait buté sur une motion de censure le 4 décembre.

«Je pense, alors que la semaine commence, qu'il y a plus de perspective d'un dialogue fécond avec les partis de gauche qu'avec le Rassemblement national», a déclaré Eric Lombard sur France Inter. «Je pense qu'il y a des convergences possibles avec le Parti socialiste, mais aussi avec le Parti communiste et avec les Verts», a-t-il ajouté. L'objectif du gouvernement minoritaire est de «parvenir à un accord ou, a minima, un accord de non censure».

L'espoir d'un budget en février

Les rencontres sont prévues jusqu'au jour de la déclaration de politique générale le 14 janvier, avec l'espoir d'avoir un budget «courant février», selon sa collègue Amélie de Montchalin.

Premier à être reçu lundi matin, Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale, a affirmé à sa sortie que des «compromis» budgétaires étaient possibles, notamment avec les socialistes sur la «justice fiscale» et la «justice sociale».

Sont ensuite arrivés, peu avant 12H00, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Patrick Kanner, son homologue au Sénat, le président de la commission des Finances du Sénat Claude Raynal, ainsi que les députés socialistes Jérôme Guedj et Philippe Brun.

Ecologistes et communistes devraient être reçus mercredi. Du côté de La France insoumise, Éric Coquerel s'entretiendra avec le ministre à Bercy jeudi après-midi, a indiqué son entourage à l'AFP.

Vendredi, ce sera au tour du RN.

«Nous allons, avec le Premier ministre, avec les autres membres du gouvernement concernés, notamment Catherine Vautrin qui gère les questions de retraites, regarder (...) quelle politique nous paraît conforme aux objectifs que nous nous sommes donnés et qui répond à leurs demandes aussi», a expliqué Eric Lombard.

«On va écouter, on va intégrer, on va faire une synthèse, on la proposera aux partis», a-t-il précisé. Il s'est dit ouvert au dialogue concernant la contestée réforme des retraites, y compris l'âge de départ à 64 ans, à condition de ne pas détériorer davantage l'équation financière du système.

En revanche, le ministre a prévenu qu'il ne s'alignerait «pas nécessairement» sur les lignes rouges de la cheffe de file des députés du RN Marine Le Pen, qui avait obtenu de Michel Barnier des concessions de dernière minute sur la taxe sur l'électricité notamment, sans pour autant lui épargner la censure.

Pour 2025, le gouvernement vise un déficit public compris «entre 5% et 5,5%» du produit intérieur brut, après un niveau attendu «autour de 6,1%» pour 2024. Cela nécessitera un effort budgétaire «autour de 50 milliards d'euros», moins que les 60 milliards qu'ambitionnait le gouvernement précédent.

Il passera «essentiellement» par des économies, selon Eric Lombard: «il n'y aura pas de nouvelles hausses d'impôts par rapport à celles qui ont déjà été annoncées».

Le gouvernement souhaite maintenir la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, qui devrait rapporter de l'ordre de 8 milliards d'euros cette année, la taxe sur les rachats d'actions et celle sur les billets d'avions. Un éventuel relèvement du prélèvement forfaitaire unique ("flat tax") actuellement de 30% est également sur la table.

Il a en revanche exclu des impôts nouveaux ou en hausse «qui pénaliseraient le pouvoir d'achat de la classe moyenne», écartant ainsi un relèvement de la TVA.

Concernant la contribution exceptionnelle des hauts revenus, qui ne sera pas reconduite en tant que telle, «on peut trouver des mécanismes qui visent à ce que les personnes qui ont des revenus importants participent à l'effort fiscal», a estimé Eric Lombard.

Amélie de Montchalin a ainsi indiqué lundi vouloir davantage lutter contre la «suroptimisation fiscale» et la fraude via «un plan d'action» qui sera détaillé les prochaines semaines.

Depuis le 1er janvier, une «loi spéciale» autorise les ministères à engager des dépenses dans la limite des crédits ouverts en 2024, dont seul un quart a été débloqué.

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