La guerre en Ukraine mue de jour en jour. La tension monte: Le conseiller présidentiel ukrainien Serhiy Lechtchenko a par exemple mis en garde contre une troisième Guerre mondiale encore vendredi. «Poutine va également attaquer des pays de l’OTAN, a-t-il asséné. Tout simplement pour montrer que les institutions mondiales sont faibles.» Selon lui, l’objectif du président russe n’est pas seulement de rayer l’Ukraine de la carte, mais aussi de détruire l’ordre mondial. Les autres dirigeants européens veillent cependant à ne pas s'adonner explicitement à de telles projections catastrophe.
Le gouverneur de Lougansk Serguiï Gaïdaï a lui aussi averti, dans Blick, que Vladimir Poutine pourrait bientôt attaquer les pays baltes. Selon lui, l’Europe doit lui tenir tête. «Sinon, des bombes seront également larguées dans les rues de Varsovie, de Berlin et des autres grandes villes.»
À lire aussi
Les provocations se multiplient
À l’origine de ces avertissements, plusieurs signes inquiétants. Les oligarques feraient pression sur le président russe pour qu’il lance une «guerre totale». En parallèle, Moscou menace les politiciens occidentaux qui se rendent en Ukraine, à l’instar d’Antonio Guterres. Lors de sa visite à Kiev, la capitale a été bombardée pour la première fois depuis deux semaines.
La Russie a en outre suspendu les livraisons de gaz vers la Pologne et la Bulgarie. La pénurie menace. Le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki a qualifié cette mesure d'«attaque directe» contre son pays.
Jeudi passé, Margarita Simonian, rédactrice en chef de la chaîne d’Etat et de propagande russe Russia Today, a souligné que Vladimir Poutine n’abandonnerait jamais. «Soit nous perdons contre l’Ukraine, soit c’est le début de la troisième guerre mondiale. Je pense que la voie de la troisième guerre mondiale est plus réaliste.»
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré: «Le danger est sérieux, il est réel. Il ne doit pas être sous-estimé.»
L’Ukraine tire au-delà de la frontière
L’Occident a également durci le ton. Les Etats-Unis ont révisé leur loi pour pouvoir livrer plus facilement des armes à l’Ukraine ainsi qu’à des pays d’Europe de l’Est menacés. Près de 33 milliards de dollars ont été débloqués par Joe Biden à cet effet. Pour l’expert en sécurité Mauro Mantovani, «la guerre en Ukraine devient le théâtre central de la guerre par procuration entre le Russie et les États-Unis.»
L’Ukraine aurait commencé à attaquer des cibles sur sol ennemi. Selon les autorités russes, des postes-frontières ont été bombardés au lance-grenades dans la région de Briansk. Début avril, la Russie avait déjà avancé que l’Ukraine était responsable d’un incendie dans un entrepôt de pétrole à Belgorod.
«De tels incidents peuvent être interprétés comme une tentative de la partie ukrainienne d’étendre la guerre à la Russie, ou du moins de démontrer ses capacités en la matière», commente Mauro Mantovani.
Guerre nucléaire en cas de défaite de Poutine
Selon les prévisions de l’expert, la guerre continuera à se concentrer sur l’Ukraine et éventuellement sur la région moldave de Transnistrie. Il considère comme très improbable pour l’instant que Vladimir Poutine étende la guerre au territoire de l’OTAN «en raison des risques innombrables que cela implique».
Mais il estime également que Vladimir Poutine ne peut pas envisager la défaite. Ce dernier et son entourage risqueraient alors la destitution ou des «conséquences encore plus graves». S’il se sent réellement menacé, le président russe pourrait prendre des décisions dramatiques.
(Adaptation par Jessica Chautems)