Blackout ibérique
Le Portugal attribue la panne de courant géante à l'Espagne... puis rétropédale

Lundi 28 avril, une panne d’électricité géante a plongé l’Espagne et le Portugal dans le noir. Si le courant revient peu à peu, l’origine de l’incident reste floue. Oscillations, météo, cyberattaque? Les pistes se multiplient, sans certitude à ce stade.
Publié: 29.04.2025 à 09:11 heures
Lisbonne a été plongée dans le noir comme une bonne partie du Portugal, de l'Espagne et du sud de la France, lundi 28 avril.
Photo: AFP
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Solène MonneyJournaliste Blick

Alors que l’électricité revient progressivement en Espagne et au Portugal après la gigantesque panne de lundi 28 avril, une question reste sans réponse: qui est responsable? A l’heure où ces lignes sont écrites, la cause exacte du blackout demeure inconnue, mais les hypothèses affluent. Dans la nuit de lundi à mardi, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez n'excluait «aucune hypothèse» quat aux raisons du blackout.

Le gestionnaire du réseau portugais REN a, lui, rapidement mis en cause son voisin espagnol, évoquant des «variations extrêmes de température» en Espagne qui auraient provoqué des oscillations anormales dans le réseau électrique, entraînant des défaillances de synchronisation, rapporte «Le Figaro». Le Premier ministre portugais a enfoncé le clou, affirmant lors d'une conférence de presse que «la coupure généralisée de notre réseau électrique a été provoquée à l’extérieur du pays, probablement en Espagne», tout en annonçant un rétablissement complet du courant «d’ici quelques heures».

Mais REN tempère aujourd'hui ses déclarations. L'entreprise admet que les causes exactes de l'incident restent floues et qu’un simple phénomène atmosphérique ne saurait tout expliquer.

Une cyberattaque?

Parmi les théories les plus discutées: celle d'une cyberattaque ciblant les infrastructures électriques. Les autorités espagnoles ont initialement déclaré ne pas écarter cette hypothèse, rapporte «The Telegraph». Toutefois, le Centre national de cybersécurité portugais a rapidement précisé qu'aucune preuve n’accrédite pour l'instant cette thèse.

D'autres experts pointent vers un facteur structurel: la dépendance croissante de l’Espagne aux énergies renouvelables. Le pays tire aujourd’hui 56% de son électricité du renouvelable, dont plus de la moitié de l'éolien. Mais problème lundi, quasiment pas de vent: les turbines étaient à l’arrêt, et l’Espagne a dû compter sur ses panneaux solaires et ses vieilles centrales à gaz.

Quand le vent fait défaut

Or, le solaire présente un inconvénient de taille: il ne génère pas «d’inertie», cette capacité du réseau à stabiliser la fréquence en cas de choc. Résultat: un réseau plus fragile, réagissant plus vite aux perturbations.

Lundi matin, près de 60% de l’électricité espagnole provenait du solaire. La météo calme a aussi affecté d'autres pays d'Europe de l'Ouest, comme la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni, provoquant une forte hausse des échanges d’électricité et fragilisant encore un peu plus les réseaux interconnectés.

Un cocktail de causes

Selon les spécialistes, cette dépendance au solaire pourrait avoir rendu le réseau ibérique plus vulnérable aux pannes ou, dans le pire des cas, aux cyberattaques. Mais même un réseau plus robuste n'aurait pas forcément empêché les coupures si une attaque coordonnée avait eu lieu.

Pour l'heure, l'origine de cet événement reste un mystère. Et il est probable qu’aucune cause unique n’émerge: plusieurs facteurs combinés pourraient expliquer cette panne historique.

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