On la connaît grâce à des films comme «Le Parrain» et «Goodfellas»: la mafia, aussi inquiétante que fascinante. Mais l'organisation criminelle opère bien au-delà du petit écran, et pourrait peut-être devenir un danger potentiel pour la Suisse. Le Landeskriminalamt (LKA) allemand considère le Bade-Wurtemberg, état frontalier de la Suisse, comme un haut lieu de la mafia, rapporte «Focus».
Environ 170 mafieux potentiels se trouveraient dans la région. Pour Andreas Stenger, président de l'Office régional de la police criminelle, il est toutefois clair «qu'il y a aussi un nombre considérable de personnes que nous n'avons pas listées dans notre système». Le nombre réel de représentants de la mafia près de la frontière suisse serait donc bien plus élevé.
Plusieurs centaines de mafieux
Sandro Mattioli, connaisseur de la mafia et président de l'association mafianeindanke, soutient l'approche de Andreas Stenger: «J'ai l'impression qu'il y a tout de même beaucoup plus de présences mafieuses dans le pays qu'on ne le pense.» S'il ne désire pas donner de chiffres concrets, l'expert estime que plusieurs centaines de membres vivent en Allemagne.
Selon le ministère allemand de l'Intérieur, environ un quart des personnes en lien avec la mafia en Allemagne vit dans le Bade-Wurtemberg. On y pratiquerait activement l'escroquerie, le trafic de drogue, les délits liés aux armes et le blanchiment d'argent. Rien de très différent des activités de l'organisation dans sa patrie mère, l'Italie.
Une organisation qui agit «comme une pieuvre»
Ce qui est si dangereux chez les mafieux, selon Andreas Stenger, c'est leur discrétion. «Ce n'est pas le cliché du pizzaiolo ou du gérant de glacier, mais ce sont des gens qui vivent dans des contextes très différents.» Comme ils ne se font guère remarquer, ils sont aussi difficiles à repérer. La majeure partie de leurs affaires se déroule dans l'ombre.
«Avec la mafia, il s'agit de prendre de l'influence, de revendiquer le pouvoir, d'infiltrer les circuits économiques. C'est un tout autre danger», explique Andreas Stenger. Ni la violence, ni les agissements criminels ne sont débattus publiquement. Au lieu de cela, cette organisation agit «comme une pieuvre» qui infiltre la société et influence la vie politique, économique et sociale.
Selon Sandro Mattioli, les autorités ont trop longtemps «manqué d'engagement dans la lutte contre le crime organisé». Pour lutter contre cette menace silencieuse, le sujet doit être pris plus au sérieux sur le plan politique. Pour Andreas Stenger et la police criminelle, on agit en conséquence: «Nous ne sous-estimons pas du tout ce phénomène. Nous voyons que la mafia agit silencieusement, et nous travaillons très intensivement contre elle.»