C'était un jour sombre de l'histoire des Etats-Unis: le 6 janvier 2021, des centaines de manifestants avaient franchi des barrières de sécurité, assommé des policiers et pénétré de force dans le Capitole à Washington D.C., la capitale. Cinq personnes, dont un agent de police, sont décédées lors de l'attaque. Le candidat républicain à la présidence Donald Trump, alors battu par Joe Biden, avait excité la foule avec de fausses allégations de fraude électorale.
Quatre ans plus tard, tout a changé. Trump est à nouveau président et les criminels condamnés ont été libérés. Quelques heures seulement après son investiture, il a gracié d'une signature environ 1500 auteurs de l'attaque, qu'il appelle «otages». Parmi les personnes graciées figurent des membres importants de milices d'extrême droite, qui auraient dû purger de longues peines de prison. Voici les têtes les plus connues derrière cette tentative de coup d'Etat.
Enrique Tarrio
Enrique Tarrio aurait dû rester 22 ans derrière les barreaux. L'ancien leader des Proud Boys («les garçons fiers» en français), une organisation néo-fasciste qui promeut notamment le suprémacisme blanc, n'était certes pas sur place le jour J à Washington, mais il est considéré comme l'un des principaux organisateurs de l'attaque. En mai 2023, il a été condamné pour «conspiration séditieuse» et a écopé de la peine la plus lourde dans le cadre de l'attaque du Capitole.
Pour cinq autres membres des Proud Boys, Donald Trump a déclaré que leurs peines avaient été purgées. L'actuel président avait par ailleurs sympathisé avec ce groupe lors de son premier mandat.
Stewart Rhodes
Stewart Rhodes, le fondateur de la milice Oath Keepers (en français «les gardiens du serment»), condamné à 18 ans de prison pour son implication dans l'assaut du Capitole, profite également de la signature de Trump. Ce dernier a déclaré que sa peine et celle de huit autres membres avaient été purgées. Oath Keepers, qui compte parmi ses membres d'anciens soldats ou d'actuels policiers, prône la résistance contre le gouvernement fédéral des Etats-Unis, considéré comme une tyrannie.
Si Stewart Rhodes, au même titre qu'Enrique Tarrio, n'a pas pénétré lui-même dans le Capitole, il a été arrêté pour son rôle dans la planification et la coordination de l'attaque.
David Dempsey
Selon l'acte d'accusation contre David Dempsey, il a utilisé «ses mains, ses pieds, des piquets de drapeau, des béquilles, du spray au poivre, des meubles cassés et tout ce qui lui tombait sous la main comme armes contre les forces de l'ordre». L'homme de 39 ans est considéré comme l'un des émeutiers les plus violents ayant participé à la prise du Capitole.
Ce n'est qu'en août 2024 qu'il a été condamné à 20 ans de prison. On ne sait pas encore s'il fait partie des 1500 personnes graciées.
Richard Barnett
Richard Barnett s'est introduit dans le bureau de la démocrate Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis. Il s'est installé confortablement sur sa chaise, a balancé sa botte sur son bureau et a posé pour des photos. Il était armé d'une canne équipée d'un pistolet électrique.
Il avait été condamné à 4,5 ans de prison pour ses actes. On ne sait pas encore s'il a, lui aussi, bénéficié d'une libération anticipée.
Jacob Chansley
C'est sans doute le personnage le plus emblématique de l'assaut du Capitole: Jacob Chansley, théoricien du complot, a joué un rôle déterminant lors de la prise du Capitole. Les images du «chaman QAnon» portant une coiffe aux cornes de bison, des peintures faciales et une lance ont fait le tour du monde.
L'activiste d'extrême droite a été condamné à 41 mois de prison. Il a été libéré 14 mois plus tôt pour bonne conduite. Si son sort ne dépendait pas de la signature de Trump, il a malgré tout réagi avec euphorie à cette décision. «Je viens d’apprendre la nouvelle par mon avocat», a-t-il écrit sur X. «Merci, président Trump. Maintenant, je vais m’acheter des p*tains d’armes à feu. J’aime ce pays. Justice a été rendue. Tout ce qui s’est passé dans l’obscurité va pouvoir être révélé au grand jour!»