Les autorités du Tadjikistan, pays musulman laïque d'Asie centrale, vont publier un livre recommandant aux femmes de s'habiller avec des vêtements traditionnels pour chaque aspect de la vie, après avoir interdit l'an passé le port de vêtements étrangers pour lutter contre l'islam radical.
«Nous avons élaboré un projet de recommandations sur les vêtements nationaux pour les filles et les femmes du Tadjikistan», a indiqué mercredi à l'AFP un responsable du ministère de la Culture, Khourched Nizomi. «Ce livre, à caractère de recommandation, s'appuie sur des sources scientifiques et historiques, ainsi que des experts», a poursuivi Khourched Nizomi.
Pas de vêtements étrangers
Cette annonce intervient après l'adoption en juin 2024 d'une loi interdisant «l'importation, la vente et la promotion de vêtements étrangers ainsi que leur port dans les lieux publics» à la demande du président incontesté Emomali Rakhmon.
La lutte contre l'islam radical au Tadjikistan, ex-république soviétique frontalière de l'Afghanistan, a été relancée l'an dernier après l'arrestation de Tadjiks accusés d'être impliqué dans l'attentat du Crocus en mars 2024 à Moscou, en Russie.
Le dirigeant tadjik, au pouvoir depuis 1992, avait qualifié de «problème sociétal» le port du hijab. Et les autorités ont appelé à plusieurs reprises ces dernières années les femmes à «s'habiller à la tadjike», à savoir «ne pas porter de vêtements européens dénudés», ni «de vêtements noirs et de hijabs».
Un guide pour les hommes?
Le livre, dont la publication est prévue en juillet prochain, sera distribué «gratuitement dans un premier temps» et comportera de nombreuses exemples et photos, d'après Khourched Nizomi. Ce livre présentera les habits que les femmes sont invitées à porter «en fonction de leur âge» notamment «lors de cérémonies, au travail, au repos, au théâtre, à la maison», ainsi que pour «les filles».
Des livres similaires avaient déjà publié par les autorités il y a plusieurs années, mais celui-ci «surpasse les éditions précédentes en termes de qualité d'impression, de choix de photographies, de textes et de sources historiques». «Les traditions sont préservées avec des ajouts de créateurs qui correspondent aux tendances modernes», précise le responsable tadjik, ajoutant qu'un «guide distinct pour les hommes pourrait être développé».
Au Tadjikistan, le port de la barbe longue est de facto interdit, sous prétexte de lutte contre «l'islamisme et l'extrémisme religieux», après que de nombreux citoyens tadjiks eurent rejoint les rangs de groupes jihadistes dans la zone syro-irakienne autour des années 2015.
