Des frappes israéliennes sans précédent depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 janvier ont fait au moins 220 morts à Gaza, a annoncé mardi la Défense civile du territoire palestinien, le Hamas accusant Israël de «torpiller» la trêve.
«En accord avec l'échelon politique, les Forces de défense israélienne et l'Agence de sécurité intérieure sont en train de mener des frappes étendues sur des objectifs terroristes appartenant à l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza», ont annoncé tôt mardi l'armée israélienne et l'Agence de la sécurité intérieure dans un communiqué commun sur Telegram.
Ces frappes, décidées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz font «suite au refus répété du Hamas de libérer nos otages ainsi qu'à son rejet de toutes les propositions qu'il a reçues de l'envoyé présidentiel américain Steve Witkoff et des médiateurs», indique un communiqué du gouvernement israélien.
Le Hamas accuse Israël de «torpiller la trêve»
«Israël agira dorénavant contre le Hamas avec une force militaire accrue», ajoute la même source. D'après la Défense civile de Gaza, une organisation de premiers secours dépendant du mouvement islamiste Hamas, ces frappes ont fait au moins 220 morts. Selon un responsable israélien qui s'est exprimé sous le couvert de l'anonymat, ces frappes visent la hiérarchie civile et militaire du Hamas, et l'offensive durera «aussi longtemps que nécessaire».
La défense passive a par ailleurs annoncé qu'il n'y aurait pas d'école mardi en Israël dans les zones limitrophes de la bande de Gaza. En réponse, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a accusé Israël d'avoir décidé de «torpiller» la trêve.
Benjamin «Netanyahu et son gouvernement extrémiste ont décidé de torpiller l'accord de cessez-le-feu, exposant les prisonniers à Gaza à un sort incertain», écrit le mouvement islamiste dans un communiqué faisant référence aux otages. Le Hamas appelle aussi le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir en urgence et à adopter une résolution pour contraindre Israël à «cesser l'agression» et retirer ses troupes de toute la bande de Gaza.
Accord en péril, si ce n'est caduque
Dimanche, Israël avait annoncé l'envoi de négociateurs en Egypte pour discuter avec les médiateurs égyptiens de la question des otages. La veille, Benjamin Netanyahu avait «donné instruction» à ses négociateurs «de se préparer à la poursuite des discussions» en vue de la deuxième phase de la trève, selon son bureau, afin d'obtenir «la libération immédiate de onze otages vivants et de la moitié des otages morts».
Arraché par les pays médiateurs (Qatar, Egypte, Etats-Unis), l'accord de trêve est entré en vigueur le 19 janvier, après quinze mois de guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre 2023. Durant la première phase de l'accord de trêve, qui a expiré le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages, incluant huit morts, et Israël a libéré environ 1800 détenus palestiniens.
Aujourd'hui, cet accord est en péril, les belligérants campant sur leurs positions et s'accusant mutuellement de le bloquer. Le Hamas réclame de passer aux négociations sur la deuxième phase de l'accord, qui prévoit selon lui un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l'aide et la libération des derniers otages.
58 otages toujours retenus à Gaza
Israël, pour sa part souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la «démilitarisation totale» du territoire et le départ du Hamas. L'attaque du 7 octobre, conduite dans le sud d'Israël, a entraîné du côté israélien la mort de 1218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées au total lors de l'attaque, il reste 58 otages retenus à Gaza, dont 34 ont été déclarés morts par l'armée israélienne. En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une offensive destructrice à Gaza qui a fait au moins 48.572 morts, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.