Au moins 15 morts
La Papouasie-Nouvelle-Guinée déclare l'état d'urgence après des émeutes sanglantes

Après une nuit d'émeutes sanglantes qui a causé la mort d'au moins 15 personnes, le Premier ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré l'état d'urgence dans tout le pays.
Publié: 11.01.2024 à 11:11 heures
Des émeutes ont éclaté en Papouasie-Nouvelle-Guinée causant la mort d'au moins 15 personnes.
Photo: AFP

Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré jeudi l'état d'urgence pour 14 jours dans la capitale Port Moresby, après des émeutes qui ont fait 15 morts. Plus de 1'000 soldats sont prêts à intervenir «là où cela serait nécessaire» en vertu du décret d'état urgence, a annoncé le Premier ministre James Marape, au lendemain des violences, pillages et incendies de magasins dans deux villes du pays.

Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, James Marape, s'est engagé à lutter contre «l'anarchie» jeudi, après la mort de 15 personnes au cours d'une nuit de violentes émeutes dans les deux principales villes du pays.

Au moins 15 morts

Des violences ont éclaté dans la capitale Port Moresby mercredi soir, après des manifestations contre le gouvernement menées par des soldats, policiers et gardiens de prison. Des foules en colère ont incendié des bâtiments et saccagé des magasins au cours d'une nuit de chaos et les violences ont ensuite gagné la ville de Lae, à quelque 300 kilomètres au nord.

Le commissaire de la police royale de Papouasie-Nouvelle-Guinée, David Manning, a confirmé jeudi après-midi qu'au moins 15 personnes étaient décédées dans les deux principales villes du pays. Le principal hôpital de Port Moresby a traité 25 personnes blessées par balle, selon les chiffres fournis à l'AFP, ainsi que six autres présentant des lacérations causées par des «machettes».

M. Marape a présenté ses excuses au pays, déclarant que les explosions d'"anarchie» ne seraient «pas tolérées». «C'est votre pays autant que le mien. Enfreindre la loi ne permet pas d'atteindre certains objectifs», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Voitures incendiées

Des vidéos tournées dans la capitale par l'AFP ont montré des pillards se précipitant dans les magasins à travers les vitrines brisées, mettant des marchandises volées dans des cartons, des chariots de supermarché et des seaux en plastique. Des bâtiments et des voitures ont été incendiés, selon les images l'AFP, et d'épais panaches de fumée noire planaient au-dessus des quartiers les plus touchés de la ville.

Un peu plus tôt, une foule moins nombreuse s'était rassemblée devant le bureau du Premier ministre à Port Moresby, arrachant une barrière de sécurité et incendiant une voiture de police en stationnement.

Plainte déposée

Pékin a déposé une plainte auprès du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, à la suite d'informations selon lesquelles les émeutiers auraient pris pour cible des entreprises appartenant à des Chinois.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que deux ressortissants chinois avaient été «légèrement blessés» lors des violences. «Nous rappelons aux ressortissants chinois en Papouasie-Nouvelle-Guinée de prêter une attention particulière à l'évolution de la situation en matière de sécurité sur le terrain», a déclaré jeudi Mao Ning, une porte-parole du ministère.

De son côté, l'ambassade des Etats-Unis à Port Moresby a fait état de coups de feu tirés près de son enceinte alors que la police tentait de «disperser des groupes de pillards». Maho Laveil, un habitant de Port Moresby qui enseigne l'économie à l'université de Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que la paix avait été «largement rétablie» jeudi soir. «Ils ont chassé les pillards, ils ont empêché les bâtiments de brûler», a-t-il fait savoir à l'AFP.

Baisse des salaires

Le gouverneur de la région englobant la capitale, Powes Parkop, a estimé que les troubles représentaient un «niveau de conflit sans précédent» à Port Moresby, tandis que le Post Courier, un journal local, a parlé du «jour le plus sombre» de la ville. «Ce qui est le plus important, c'est que nous devons mettre fin à ce conflit», a insisté Powes Parkop sur une station de radio locale mercredi soir, soulignant que «personne ne sortira gagnant de ce type de troubles civils».

Les forces de sécurité ont organisé une manifestation à l'intérieur du parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée, après avoir constaté une baisse de leur salaire sans explication. Bien que le gouvernement ait rapidement promis de corriger ce qu'il a décrit comme un «problème technique», cela n'a pas suffi à empêcher les civils mécontents de se joindre au tumulte.

Cette explosion de violence met en lumière les difficultés en Papouasie-Nouvelle-Guinée, pays en proie à la pauvreté et à un taux de criminalité élevé.

40% sous le seuil de pauvreté

Située à environ 200 kilomètres au nord de l'Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est l'Etat le plus grand et le plus peuplé de Mélanésie. Bien que le pays soit doté de vastes gisements de gaz, d'or et de minerais, les groupes de défense des droits humains estiment que près de 40% de ses neuf millions d'habitants vivent encore sous le seuil de pauvreté.

L'Australie a récemment conclu un accord de sécurité avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, promettant d'aider ses forces de police à lutter contre le trafic d'armes, la contrebande de drogue et la violence tribale. «Nous continuons à appeler au calme en ces temps difficiles», a déclaré jeudi le Premier ministre australien, Anthony Albanese.

(AFP)

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