Au moins 112 Palestiniens tués
Ce que l'on sait sur le drame lors d'une distribution d'aide à Gaza

Au moins 112 Palestiniens ont été tués jeudi lorsqu'une foule s'est ruée sur un convoi d'aide alimentaire dans la ville de Gaza où la situation humanitaire est désespérée selon l'ONU, un drame aux versions contradictoires.
Publié: 29.02.2024 à 21:03 heures
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Dernière mise à jour: 01.03.2024 à 07:02 heures
Un témoin a déclaré à l'AFP que les violences ont éclaté alors que des milliers de personnes désespérées en quête de nourriture s'agglutinaient près du «rond-point de Naplouse», dans l'ouest de Gaza-Ville.
Photo: Anadolu via Getty Images

Au moins 112 Palestiniens ont été tués jeudi lorsqu'une foule s'est ruée sur un convoi d'aide alimentaire dans la ville de Gaza où la situation humanitaire est désespérée selon l'ONU, un drame aux versions contradictoires.

Le Hamas affirme que l'armée israélienne a ouvert le feu sur la foule. Israël reconnait des «tirs limités» des soldats qui se sentaient «menacés», assurant que la majorité des personnes tuées l'ont été dans une bousculade. Voici ce que l'on sait jusqu'à présent.

«Les soldats ont tiré sur la foule»

Un témoin a déclaré à l'AFP que les violences ont éclaté alors que des milliers de personnes désespérées en quête de nourriture s'agglutinaient près du «rond-point de Naplouse», dans l'ouest de Gaza-Ville.

«Des camions remplis d'aide se sont approchés trop près de certains chars de l'armée qui se trouvaient dans la zone et la foule, des milliers de personnes, a pris d'assaut les camions», a déclaré le témoin, refusant d'être nommé pour des raisons de sécurité.

«Les soldats ont tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars.» Des images aériennes publiées par l'armée israélienne montrent ce qu'elle dit être des dizaines de Gazaouis encerclant les camions d'aide.

Première bousculade, puis des tirs

Selon le ministère de la Santé du Hamas, 112 personnes ont été tuées par balle et 760 ont été blessées. Hossam Abu Safiya, directeur de l'hôpital Kamal Adwan de Gaza-Ville, a déclaré que toutes les victimes avaient été touchées par «des balles et des éclats d'obus provenant des forces d'occupation».

Un responsable militaire israélien a évoqué une première bousculade, impliquant «des milliers de personnes» au cours de laquelle «des dizaines de Gazaouis ont été blessés et tués, certains d'entre eux écrasés par les camions» qui roulaient.

Une partie du convoi a continué sa route, poursuivi par «des dizaines de civils» qui se sont approchés des chars et des forces israéliennes, selon le responsable.

«Les soldats ont tiré des coups de semonce en l'air, puis ont tiré sur ceux qui représentaient une menace», a-t-il ajouté, soulignant qu'ils avait eu «une réponse limitée, des tirs limités».

Un «carnage»

Un médecin de l'hôpital al-Chifa a affirmé que des soldats israéliens avaient tiré sur «des milliers de citoyens» qui se précipitaient vers les camions d'aide à Gaza-ville, le ministère de la Santé du Hamas annonçant 112 morts et 760 blessés dans ce «carnage».

Selon un témoin ayant requis l'anonymat, «des camions d'aide se sont approchés trop près de certains chars de l'armée qui se trouvaient dans la zone et la foule, des milliers de personnes, a pris d'assaut les camions». Les soldats ont alors «tiré sur la foule car les gens s'approchaient trop près des chars».

«Horrifié», le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a dénoncé un «nouveau carnage» et des morts «totalement inacceptables». Plusieurs pays arabes du Golfe ont exprimé leur condamnation, comme le Qatar qui a fustigé «le massacre odieux commis par l'occupation israélienne contre des civils sans défense». La Turquie a, elle, dénoncé «un crime contre l'humanité».

Le jour même, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un nouveau bilan de 30'035 morts et 70'457 blessés, la plupart des civils, dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre. La guerre a été déclenchée ce jour-là par une attaque lancée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine dans le sud d'Israël, qui a causé la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Premiers convois depuis 3 semaines

Le 20 février, le Programme alimentaire mondial a annoncé qu'en dépit de la faim généralisée, il suspendait à nouveau les livraisons d'aide au nord de Gaza après l'attaque et le pillage de convois par des civils désespérés. Ces deux convois étaient les premiers depuis plus de trois semaines.

Le 18 février, un convoi a dû repousser «de multiples tentatives de personnes tentant de monter à bord de nos camions, puis de faire face à des tirs une fois entrés dans la ville de Gaza», a indiqué l'agence onusienne.

Le lendemain, «plusieurs camions ont été pillés (...) et un chauffeur de camion a été battu. Le reste de la farine a été spontanément distribué à partir des camions dans la ville de Gaza, au milieu d'une forte tension et d'une colère explosive», a-t-il ajouté.

Famine généralisée

Depuis des mois, les travailleurs humanitaires mettent en garde contre une situation de plus en plus désespérée pour les civils de Gaza, et lundi, un responsable du bureau humanitaire de l'ONU, OCHA, a déclaré qu'une famine généralisée était «presque inévitable».

Les estimations de l'ONU montrent que 2,2 millions de personnes – la grande majorité de la population de la bande de Gaza – sont menacées de famine, en particulier dans les zones nord autour de la ville de Gaza.

Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, un peu plus de 2300 camions humanitaires sont entrés dans la bande de Gaza en février, soit une baisse d'environ 50% par rapport à janvier. Cela représente une moyenne bien inférieure à 100 camions par jour, contre environ 500 qui arrivaient quotidiennement avant la guerre.

«Des entreprises privées» impliquées

Le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a indiqué que le convoi de 38 camions entré à Gaza depuis le terminal de Rafah, à la frontière égyptienne, était affrété par des «entreprises privées», sans autre précision.

Le chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a souligné sur X (ex-Twitter) que «ni l'Unrwa ni aucune autre agence de l'ONU ont été impliquées dans cette distribution».

(AFP)

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