Deux attaques de drones ukrainiens sur la Crimée en l'espace de deux jours – l'armée ukrainienne du président Volodymyr Zelensky n'a certainement pas fait une croix sur la péninsule annexée par la Russie. Et met ainsi particulièrement mal à l'aise le chef du Kremlin Vladimir Poutine, qui s'était encore rendu en Crimée le week-end dernier pour fêter l'anniversaire de son annexion par la Russie.
Peu après cette visite, des explosions ont eu lieu dans la ville de Djankoï. Enfin, dans la nuit de mardi à mercredi, Sébastopol a été la cible d'un drone ukrainien venu d'outre-mer.
L'Ukraine lance-t-elle ainsi la reconquête de la péninsule ? «Ces attaques en sont au moins une préparation», selon l'expert en sécurité Gerhard Mangott, qui répond aux questions de Blick.
La reconquête de la Crimée n'est pas une mince affaire
Cela est toutefois plus facile à dire qu'à faire, selon l'expert. «Tout d'abord, les forces armées ukrainiennes devraient avancer vers la ville méridionale de Melitopol et en prendre possession grâce à leur offensive de printemps. Ensuite, elles devraient pénétrer jusqu'à la côte de la mer d'Azov et diviser en deux les territoires occupés au sud. Ce seraient les conditions préalables à une reconquête de la Crimée.»
Certes, l'objectif officiel de l'Ukraine est de reconquérir la Crimée et donc la ville portuaire de Sébastopol – où la flotte russe de la mer Noire a élu domicile –, mais, même avec ces préparatifs, il n'est pas certain que la Crimée puisse alors être effectivement reconquise. «L'attaque de la Crimée elle-même sera une entreprise très difficile et dangereuse pour l'Ukraine», explique le spécialiste.
«Un scénario comme celui de l'été dernier, au cours duquel les Ukrainiens avaient pris les Russes par surprise à Kharkiv et à Kherson, ne se produira pas dans le sud», souligne Gerhard Mangott. Car les forces armées russes «feront tout leur possible» pour tenir la Crimée. La Russie dispose de suffisamment de personnel et de matériel militaires dans le sud de l'Ukraine pour faire face à l'offensive de printemps – et pour défendre la péninsule.
Un territoire bien trop important
De fait, la perte de la Crimée entraînerait très probablement une perte du pouvoir pour Vladimir Poutine. «La perte de la Crimée serait une défaite totale de la Russie. Occuper moins de territoire ukrainien que ce qui était le cas avant le 24 février est inacceptable pour le leadership collectif», avance Gerhard Margott.
Le spécialiste de la Russie Ulrich Schmid déclarait déjà en décembre dernier à Blick: «Pour la Russie, la Crimée est un lieu hautement émotionnel. Du point de vue de Moscou, la Crimée est le berceau de l'orthodoxie russe et donc de la culture russe. Et d'ajouter: «Pour de nombreux Russes, la péninsule est depuis des siècles un lieu de vacances apprécié.» Selon lui, la ville de Sébastopol a depuis 2014 le même statut fédéral que Moscou et Saint-Pétersbourg.
Mais l'Ukraine n'a pas laissé tomber la péninsule. «La flotte russe de la mer Noire à Sébastopol est une menace permanente pour la sécurité ukrainienne», explique Ulrich Schmid. Mais selon l'expert, il s'agit aussi d'une revendication territoriale: «En droit international, la Crimée appartient toujours à l'Ukraine.»
Selon Gerhard Mangott, le facteur décisif pour une offensive de printemps réussie de l'Ukraine et une reconquête de la Crimée serait la poursuite du soutien occidental en armes et en munitions. L'UE s'est accordée lundi pour fournir à l'Ukraine un million de munitions d'artillerie de type calibre 155 millimètres au cours des douze prochains mois.