La tension monte entre les États-Unis et la Russie après un incident militaire au-dessus de la mer Noire, non loin de la Crimée et des côtes ukrainiennes. Mardi, un drone Reaper américain est entré en collision avec deux Su-27, avions de combat russes. Alors que Moscou rejette l'accusation, le Pentagone a diffusé ce jeudi une vidéo censée démontrer l'attaque russe.
C'est la première fois qu'un tel incident entraîne le crash d'un drone occidental. Mais ce n'est pas la première fois que des engins occidentaux et russes se frôlent dans cette région. Rien d'anormal à cela: l'espace aérien neutre au-dessus de la mer Noire est une vraie fourmilière.
Face-à-face en augmentation dans la région
En 2022, les forces aériennes de l'OTAN sont intervenues environ 570 fois pour tenter d'intercepter des avions militaires russes qui s'approchaient un peu trop de l'espace aérien sous le contrôle de l'Alliance nord-atlantique. Un chiffre en augmentation: en 2021, l'OTAN faisait état de 296 interventions du même type.
Peu après l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, l'OTAN avait renforcé sa présence en mer Noire. Et depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine, les pays membres de l'OTAN envoient quotidiennement des avions dans la région à des fins de surveillance, comme le rapportait l'AFP mercredi. Début 2023, l'OTAN a par ailleurs annoncé l'envoi de trois avions de surveillance supplémentaires en Roumanie. Objectifs: collecter des informations et envoyer un message à la Russie.
Les frictions sont de plus en plus nombreuses. Selon l'EUCOM, la branche européenne des forces armées américaines, les pilotes russes s'en prennent déjà depuis un certain temps aux avions et aux drones occidentaux. Selon les données de l'OTAN, des situations critiques surgissent environ dix fois par an dans l'espace aérien au-dessus de l'Ukraine. En octobre 2022, le Royaume-Uni a par exemple accusé l'armée de l'air russe d'avoir tiré — fin septembre — un missile à proximité d'un avion de la Royal Air Force britannique.
Chaque crash peut mener à une escalade
La collision entre le drone américain et les jets russes est donc le dernier épisode d'une longue série. Mais les choses pourraient aller de mal en pis. D'autant que, quelques heures avant ce grave incident, des avions de l'OTAN avaient apparemment intercepté un avion militaire russe, qui volait entre Saint-Pétersbourg et Kaliningrad, sans être entré en contact avec les tours de contrôle estoniennes.
En résumé, alors que les États-Unis tiennent leurs troupes à l'écart du bourbier ukrainien, les forces aériennes russes et américaines se rencontrent de plus en plus souvent de manière dangereuse dans les airs, non loin des côtes. Et il y a danger: chaque crash peut mener à une escalade.
Pour l'instant, les deux superpuissances misent sur... la désescalde. Porte-parole du Conseil de sécurité américain, John Kirby a déclaré que son pays ne voulait pas que «cette guerre s'intensifie». Mais il a mis en garde les pilotes russes: une action inappropriée comme celle d'attaquer un drone occidental pourrait provoquer des «erreurs d'appréciation» entre les forces armées des deux pays.