Au premier jour de sa visite au Soudan du Sud, déchiré par les luttes de pouvoir et l'extrême pauvreté, le pape François a appelé vendredi les dirigeants du pays à un «nouveau sursaut» pour la paix.
«Les générations futures honoreront ou effaceront la mémoire de vos noms en fonction de ce que vous faites maintenant», a-t-il déclaré lors de son premier discours devant les autorités et le corps diplomatique à Juba.
«Assez de sang versé, assez de conflits, assez de violences et d'accusations réciproques sur ceux qui les commettent, assez d'abandonner le peuple assoiffé de paix. Assez de destructions, c'est l'heure de la construction!», a-t-il lancé.
Un «chemin tortueux»
Selon François, «le processus de paix et de réconciliation exige un nouveau sursaut» et le «chemin tortueux» de la paix «ne peut plus être reporté».
Le jésuite argentin est arrivé vendredi après-midi dans ce pays de 12 millions d'habitants qui a plongé en 2013 dans une sanglante guerre civile de cinq ans opposant les leaders ennemis Salva Kiir et Riek Machar.
Le conflit a fait quelque 380'000 victimes, des millions de déplacés et laissé une économie exsangue. En dépit d'un accord de paix en 2018, la violence perdure, alimentée par les élites politiques.
En 2019, un an après un accord de paix, François avait reçu les deux dirigeants ennemis au Vatican et s'était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste symbolique fort qui avait marqué les esprits.
Mais quatre ans plus tard, «ces promesses de paix restent inaccomplies» et «les processus de réconciliation semblent paralysés», s'est-il désolé.
Des mots «francs et directs»
Sans mâcher ses mots, Jorge Bergoglio a aussi fustigé le fléau de la corruption. «Circuits financiers injustes, intrigues cachées pour s'enrichir, affaires clientélistes, manque de transparence: voilà le fond pollué de la société humaine», a-t-il lâché.
Il a aussi évoqué l'«urgence de prendre soin des citoyens» à travers «des politiques de santé adéquates», «l'alphabétisation et l'éducation» dans le pays indépendant depuis 2011, le plus jeune État du monde.
Conscient de ses mots «francs et directs», le pape a aussi mis en garde les autorités devant «la tentation de servir ses propres intérêts» afin que les «ressources abondantes du pays» profitent à tous.
Quelque 5000 policiers et soldats supplémentaires ont été déployés pour cette visite dans les rues, tandis que vendredi a été décrété férié dans le pays.
Cette visite - la cinquième de François en Afrique - était initialement prévue pour 2022. Elle avait toutefois dû être reportée en raison de problèmes au genou du pape.
A Juba, le pape est accompagné des chefs des Eglises d'Angleterre et d'Ecosse, représentant les deux autres confessions chrétiennes de ce pays où l'Eglise y joue un rôle de substitution dans des zones sans aucun service gouvernementa
(ATS)