Armes interdites
Le débat sur les armes à sous-munitions en Ukraine divise les nations

Le président américain Joe Biden souhaite livrer à l'Ukraine des armes à sous-munitions interdites au niveau international. Et divise ainsi l'Occident, jusqu'ici si uni.
Publié: 10.07.2023 à 08:23 heures
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Dernière mise à jour: 10.07.2023 à 11:33 heures
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Les Etats-Unis veulent envoyer des bombes à sous-munitions à l'Ukraine.
Photo: AFP
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Chiara Schlenz

Les mots utilisés l'année dernière par le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, pour condamner l'utilisation de bombes à sous-munitions par les troupes russes en Ukraine, étaient forts: «C'est brutal, c'est inhumain et c'est une violation du droit international.» En effet, l'utilisation de ces bombes à sous-munitions est considérée comme illégale par la communauté internationale, car elles continuent de mettre en danger les populations civiles des années après leur utilisation.

Pourtant, vendredi dernier, le président américain Joe Biden a autorisé la livraison de bombes à sous-munitions à l'Ukraine, malgré les critiques de Jens Stoltenberg. Cette fois-ci, le chef de l'OTAN n'a pas exprimé de désaccord. Après tout, les pays membres de l'OTAN ont le droit de décider eux-mêmes des armes qu'ils envoient en Ukraine. De plus, l'Ukraine utilise ces armes controversées pour se défendre contre un agresseur qui a violé le droit international en envahissant son territoire.

Le gouvernement Biden a justifié cette décision en expliquant qu'il s'agissait simplement d'une mesure temporaire en attendant que la production de munitions conventionnelles soit suffisante. De plus, le taux d'échec des armes à sous-munitions américaines est très faible. Et Colin Kahl, sous-secrétaire d'État au ministère américain de la Défense, de conclure pour cautionner la décision des Etats-Unis: «La pire chose qui puisse arriver aux civils en Ukraine est une victoire de l'armée russe.»

Cela justifie-t-il l'utilisation de bombes à sous-munitions? Cette question divise actuellement le front anti-russe, qui était jusqu'alors uni. En effet, l'envoi par la Maison Blanche de bombes à sous-munitions marque une rupture avec la plupart des alliés. En 2010, un accord international, la convention d'Oslo, est entré en vigueur, interdisant la production, le stockage, l'utilisation et le transfert de ces armes à sous-munitions. Cependant, ni les États-Unis ni l'Ukraine n'ont adhéré à cet accord.

L'unité occidentale s'effrite

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a maintenu son opposition aux armes à sous-munitions, déclarant: «Le Royaume-Uni est signataire d'une convention interdisant la production ou l'utilisation de ces armes, et nous déconseillons leur utilisation.» En Allemagne également, la résistance s'organise. Sahra Wagenknecht, députée de gauche et souvent critique à l'égard des livraisons d'armes à l'Ukraine, a été très claire: «Au lieu d'envoyer des armes à sous-munitions interdites à l'Ukraine, l'Occident devrait enfin s'engager pour une paix négociée et fournir des engins de déminage», a-t-elle écrit sur Twitter. Cependant, le gouvernement allemand a indiqué vendredi qu'il comprenait les intentions du gouvernement américain.

En réponse à une question sur la position de l'Allemagne, Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, a souligné qu'il n'y avait pas de «fissures» dans l'unité de l'OTAN. «Au contraire, nous pensons qu'il existe une profonde compréhension au sein de l'Alliance», a-t-il déclaré. Cependant, les réactions au sein de l'Alliance contredisent en partie les propos de Jake Sullivan.

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La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, affirme clairement qu'elle dit «oui» à une défense légitime, mais «non» aux armes à sous-munitions. Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, n'est pas non plus ravi de cette décision. Son porte-parole a déclaré aux journalistes: «Le secrétaire général soutient la convention contre les armes à sous-munitions, qui a été adoptée il y a 15 ans. C'est pourquoi il s'oppose à l'utilisation continue de ces armes sur les champs de bataille.»

Une victoire par des moyens déloyaux?

Le changement de stratégie de Joe Biden semble avoir une autre raison, plus inquiétante: Washington craint en effet que Vladimir Poutine ne démoralise l'Ukraine. En effet, un mois après son lancement, la contre-offensive ukrainienne ne se déroule pas comme prévu. Les troupes ukrainiennes manquent depuis des mois de munitions indispensables à leur survie.

Dans cette perspective, il est militairement judicieux de fournir de telles armes à l'Ukraine. Cependant, même les collègues de parti de Joe Biden le reconnaissent: une victoire obtenue par des moyens illégitimes n'est pas le scénario idéal. Chrissy Houlahan, élue démocrate, a déclaré: «Une victoire de l'Ukraine ne doit pas se faire au détriment de nos valeurs américaines et donc de la démocratie dans son ensemble.»

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