Le président américain va avoir des réunions bilatérales avec les dirigeants d'Égypte, des Emirats Arabes Unis et d'Irak, puis participera à un sommet dit du «GCC+3».
La réunion organisée à Jeddah, deuxième ville d'Arabie saoudite, située au bord de la mer Rouge, rassemblera les six membres du «Conseil de coopération du Golfe», à savoir l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar, ainsi que l'Égypte, la Jordanie et l'Irak.
Image abîmée pour le président
Le président démocrate de 79 ans va «présenter clairement et de manière substantielle sa vision» pour le Moyen-Orient, au travers de grands projets d'infrastructure entre autres, a dit vendredi son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.
«Nous n'allons pas laisser un vide que viendraient remplir la Chine et la Russie», a dit pour sa part vendredi Joe Biden. Cette seconde journée en Arabie saoudite conclut la première tournée dans la région du président américain.
Elle l'a emmené en Israël, où il a reçu un accueil très chaleureux, puis auprès du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dans une ambiance nettement plus fraîche. Ce voyage est d'ores et déjà marqué par une image qui abîme l'image d'un président promettant de mettre les droits humains au cœur de sa diplomatie.
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Un «check» qui fait tache
C'est celle de Joe Biden reçu à Jeddah par le prince héritier Mohammed ben Salmane, avec qui il échange un «check» du poing - cette salutation qui s'est répandue pour cause de Covid-19. Il avait pourtant promis de faire du pays un «paria» et entretenu des relations tendues avec «MBS» qui, à 36 ans, est de fait aux commandes de la riche monarchie pétrolière.
Washington avait publié les conclusions de ses services de renseignement estimant que le prince héritier avait «approuvé» l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Joe Biden a assuré vendredi, dans un point presse organisé à la hâte en soirée, avoir évoqué cette affaire «au tout début» de sa réunion avec MBS, assurant avoir été «on ne peut plus clair».
Mais il a aussi accueilli avec un rire moqueur la question d'une journaliste sur l'impact de son interaction controversée avec «MBS». Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe du prince héritier.
«Pas optimiste quand à cette visite»
Le président américain veut retisser les liens avec l'Arabie saoudite, allié stratégique de longue date, notamment face à l'Iran, et l'un des premiers exportateurs de pétrole brut au monde. Washington espère que Ryad ouvre les vannes pour calmer la flambée des prix à la pompe, à quelques mois des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
Joe Biden a assuré que ses discussions avec les officiels saoudiens vendredi ont été fructueuses, mais a prévenu qu'il ne fallait pas attendre un impact concret «avant plusieurs semaines». Du côté des ONG et des proches de Saoudiens emprisonnés, la désillusion est de mise.
«Je ne suis pas très optimiste quant à cette visite», a déclaré Sarah al-Haider, dont le frère Salah, un militant de nationalité saoudo-américaine, a été libéré l'année dernière après près de deux ans de prison, mais reste sous le coup d'une interdiction de quitter son pays.»Les incidents passés prouvent que les dirigeants en Arabie saoudite peuvent faire ce qu'ils veulent sans aucune répercussion», a-t-elle dit à l'AFP.
La tournée de Joe Biden est par ailleurs destinée à inciter l'Arabie saoudite et d'autres à normaliser leurs relations avec Israël, comme l'ont fait d'autres pays du Golfe. Ses conversations à Jeddah ne seront pas toutes faciles, en particulier avec l'Irak, très hostile à tout rapprochement avec l'Etat hébreu.
(ATS)