Après l'attentat terroriste
Oreilles coupées, œil arraché... Les images des suspects mutilés à Moscou étaient-elles mises en scène?

Près de 144 personnes sont mortes vendredi dans l'une des attaques terroristes les plus brutales de l'histoire russe. Tous les suspects ont comparu devant le tribunal avec des traces de torture. Que cherchait le Kremlin en diffusant ces images sanglantes? Explications.
Publié: 27.03.2024 à 09:20 heures
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Dernière mise à jour: 27.03.2024 à 11:27 heures
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Vendredi, quatre terroristes de l'Etat Islamique ont abattu près de 144 personnes dans une salle de concert de Moscou.
Photo: AP
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Janine Enderli

C'est le pire attentat perpétré sur le sol russe depuis 20 ans: vendredi, quatre terroristes de l'Etat Islamique ont abattu au moins 137 personnes dans une salle de concert de Moscou. Dimanche soir, les quatre auteurs présumés ont comparu devant le tribunal et on été placé mercredi en détention provisoire.

Tous présentaient de graves blessures au visage, des tuméfactions, des plaies et des hématomes. L'un d'eux avait encore un sac-poubelle autour de la gorge, en plus de nombreuses ecchymoses sur le visage. Un autre, à moitié inconscient, s'est même présenté au tribunal sur une chaise roulante, incapable de se tenir debout. Il aurait par ailleurs un œil arraché.

Le Kremlin a rapidement été accusé de torture par plusieurs organisations de défense des droits de l'homme, lesquelles ont évoqué des vidéos circulaient sur le net, dans lesquelles l'un des suspects se faisait vraissemblablement couper l'oreille par les forces de sécurité. Selon plusieurs observateurs, le Kremlin aurait cherché à envoyer message en diffusant de telles images...

Poutine voudrait détourner l'attention

Leonid Volkov, un proche de l'opposant au Kremlin Alexei Navalny récemment décédé dans un camp disciplinaire, est convaincu que les images ont été publiées sur ordre du gouvernement afin de détourner l'attention des propres défaillances des services secret. Il poursuit en expliquant que «cet étalage public est nouveau». Les erreurs commises avant l'attentat doivent être masquées par cette stratégie.

Le professeur Thomas Jäger, expert de la Russie, est catégorique: selon lui, les dirigeants russes veillent d'habitude à préserver un semblant de droit aux médias étrangers. Mais là, c'est différent: «L'appareil du pouvoir jette le masque», conclut Thomas Jäger. Le Kremlin n'a pas commenté les accusations de torture. Un journaliste de CNN a confronté le porte-parole du Kremlin aux accusations de torture: «Je laisse cette question sans réponse», a répondu Dmitri Peskov, de façon lapidaire.

Les organisations russes de défense des droits de l'homme ont, elles aussi, exprimé leur inquiétude face aux actes de torture présumés: «La réponse à la barbarie ne doit pas être la barbarie», a fait savoir l'une d'elle ce lundi. La commissaire russe aux droits de l'homme Tatyana Moskalkova s'est également positionnée contre l'utilisation de la torture contre les détenus et les accusés: «C'est totalement inacceptable», a-t-elle ainsi indiqué.

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