L'irruption en direct d'hommes lourdement armés, encagoulés, plaquant au sol sous la menace journalistes et employés de la chaîne TC à Guayaquil (sud-ouest), avait choqué le pays confronté à une vague de violence déclenchée par les gangs de narcotrafiquants.
«Ils sont entrés pour nous tuer, mon Dieu protégez-nous», avait envoyé à un correspondant de l'AFP, dans un message WhatsApp, l'un des journalistes captifs. Des plaintes étaient audibles en bruit de fond.
Au milieu des coups de feu, la diffusion de ces images surréalistes s'est poursuivie en direct pendant de longues minutes, malgré l'extinction des lumières sur le plateau et la caméra qui se fige.
Trouver le gang responsable
Jusqu'à apparemment l'intervention des forces de l'ordre aux cris de «Police, police».
Treize assaillants avaient été arrêtés, sans faire de victime, et leurs visages présentés devant la presse quelques jours plus tard.
Selon le parquet, le procureur assassiné était en charge de déterminer quel gang avait mené cet assaut.
Les médias locaux ont diffusé des images de la voiture du procureur portant plusieurs impacts de balles au niveau de la fenêtre du conducteur.
«En réponse au meurtre de notre collègue César Suarez (...) je serai catégorique: les groupes du crime organisé, les criminels et les terroristes n'arrêteront pas notre engagement envers la société équatorienne», a déclaré la procureure générale Diana Salazar dans une vidéo postée sur X.
Cet assaut sur un plateau télé est survenue peu après l'évasion du redouté chef du gang des Choneros, Adolfo Macias, alias «Fito», point de départ d'un nouvel épisode de violence dans le pays rongé par le narcotrafic.
20'000 militaires pour rétablir l'ordre
Après l'évasion de Fito, plusieurs mutineries et prises en otage de gardiens ont touché diverses prisons, relayées par d'effrayantes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant les captifs menacés par les couteaux de détenus masqués.
Les gangs ont semé la terreur dans les rues du pays avant l'envoi de plus de 20'000 militaires pour rétablir l'ordre, le président équatorien Daniel Noboa ayant décrété le pays «en guerre». Plus de 200 fonctionnaires de l'administration pénitentiaire otages de mutins ont été libérés. Les violences dans le pays ont fait au moins 19 morts.
L'Equateur, naguère havre de paix, est ravagé par leur violence après être devenu le principal point d'exportation de la cocaïne produite au Pérou et en Colombie voisins. Les assassinats dans les rues ont augmenté de 800% entre 2018 et 2023, passant de 6 à 46 pour 100.000 habitants. En 2023, 7800 homicides ont été comptabilisés et 220 tonnes de drogues saisies.
(ATS)