Jeudi dernier, le navire de guerre russe Moskva a coulé en mer Noire. Les Ukrainiens et les observateurs occidentaux affirment que le navire a été touché par des missiles ukrainiens, de type «Neptune». De leur côté, les Russes affirment que le navire a été endommagé par une détonation inexpliquée de munitions et qu'il a ainsi dû être retiré du port. Il s’est alors renversé sur le côté.
Dans les deux cas, et peu importe finalement l'origine des dommages causés au navire, il s’agit d’une défaite flagrante pour l’armée russe. Elle subit un dégât d'image important. Tout d'abord simplement parce qu’elle n’a pas été capable de protéger son principal navire de guerre en mer Noire. Ensuite, parce que ses soldats n’ont pas été capables de respecter les mesures de sécurité de base.
Des images du naufrage sur les réseaux sociaux
Les réelles raisons des faits pourraient être clarifiées prochainement. Toujours est-il que, dans la nuit de dimanche à lundi, une image censée montrer le naufrage du navire est apparue sur les médias sociaux. On y voit la poupe fumer comme une cheminée et on distingue encore quelques silos à missiles. La grue est basculée vers l’arrière. Le côté tourné face à l'eau présente différentes taches noires qui pourraient être des impacts de balles. Il ne semble plus y avoir de traces de l’équipage, qui comptait d'après les autorités ukrainiennes 500 personnes, ni de canots de sauvetage.
Il est actuellement impossible de vérifier si ces images sont authentiques et s'il s'agit effectivement du navire concerné. Sur les réseaux sociaux, les avis sont partagés. Il pourrait aussi s’agir d’un autre bateau. Une deuxième photo est toutefois apparue un peu plus tard. Il s'agit d'une image très similaire, sous un autre angle. Celle-ci chasse le doute chez une majorité: il s'agit bien du naufrage du Moskva.
L’origine des photos n’est pas encore connue. Elles pourraient avoir été prises depuis un autre navire qui se portait au secours du Moskva, alors qu’il était en train de couler. Cela pourrait expliquer la présence d’un observateur sur un cliché.
Quelle est la réelle étendue des pertes?
Après la confirmation du naufrage par la Russie il y a quelques jours, le conseiller présidentiel ukrainien Olexeiy Arestovytsch a parlé d’un «événement militaire d’une importance colossale», qualifiant les faits de «plus grande perte de la flotte russe depuis la Seconde Guerre mondiale».
Diverses incertitudes subsistent quant à l’incident. La Russie veut minimiser autant que possible les pertes subies alors que l'Ukraine cherche l'exact opposé. Celle-ci soutient, par exemple, qu’il y avait environ 500 marins sur le navire et qu'ils ont tous péri. La Russie affirme quant à elle avoir sauvé tout l’équipage. Le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby, s'est montré sceptique face aux affirmations russes et a déclaré qu’il était probable que l’incident ait fait des morts et des blessés. Le journal russe «Novaya Gazeta Europe» écrit, sur la base d'un témoignage d'une mère d’un marin qui se trouvait probablement à bord, qu’environ 40 marins ont été tués sur le navire et que de nombreux autres sont portés disparus.
Une grande importance militaire et symbolique
Le Moskva a été conçu comme un destroyer de porte-avions. Le navire a été mis en service dès 1983, à l’époque soviétique, et n’a cessé d’être modernisé au fil du temps. Selon les derniers rapports en date, il mesurait 186 mètres de long et disposait de 16 missiles à cible navale, de missiles longue portée, de missiles Osa à courte portée, de lance-roquettes et de torpilles.
Le président russe Vladimir Poutine aimait utiliser le navire à des fins symboliques. Il y a accueilli le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à Sotchi en août 2014. Le chef du Kremlin s’est aussi rendu en Italie à son bord pour saluer sur le pont le dirigeant du gouvernement de l’époque, Silvio Berlusconi.
À la suite de la perte du navire, le ministère britannique de la Défense affirme que le cours de la guerre pourrait changer. Le bateau servait jusqu'à présent de centre de commandement et de jonction de la défense aérienne. L’armée russe doit désormais s’adapter en conséquence.
(Adaptation par Thibault Gilgen)