«J'en appelle instamment à la Hongrie pour qu'elle permette enfin à nouveau l'aide à l'Ukraine, pour le maintien de la paix», a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avant une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles.
L'aide militaire à l'Ukraine, que les Européens ont décidé d'augmenter de 5 milliards d'euros en mars, est totalement bloquée par un veto hongrois. Cette aide, d'un total de plus de 6,5 milliards d'euros, transite par un fonds ad hoc, la Facilité européenne pour la paix (EPF en anglais), également bloquée.
«On ne peut pas accepter qu'un seul pays, qui a accepté ce montant à la table des chefs d'Etat et de gouvernement (de l'UE) il y a quelques mois, bloque maintenant cette aide cruciale à l'Ukraine», a dénoncé la cheffe de la diplomatie belge, Hadja Lahbib.
«Nécessité de faire la paix»
Accorder 6,5 milliards d'aide militaire supplémentaire à l'Ukraine est «pour nous inacceptable», a rétorqué son homologue hongrois, Peter Szijjarto, sur sa page Facebook. «Nous ne céderons pas à la pression va-t-en guerre, nous continuerons à insister sur la nécessité de faire la paix», a-t-il insisté.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a pourtant rappelé l'exemption hongroise à savoir qu'aucun euro versé par Budapest à l'EPF ne servirait à acheter des armes à l'Ukraine. Sans convaincre.
Il reste encore «sept textes légaux» dont l'adoption, à l'unanimité des 27, est indispensable pour débloquer les fonds en faveur de Kiev, a regretté l'ancien ministre espagnol.
Avoirs russes immobilisés
Les Européens ont en outre décidé d'utiliser l'EPF pour faire transiter, en faveur de Kiev, les revenus tirés des avoirs russes immobilisés dans l'UE. Ces revenus représentent entre 2 et 2,5 milliards d'euros par an. Mais là encore, nul ne sait comment cette manne pourra effectivement aider l'Ukraine à acheter des armes, alors que tout le mécanisme est bloqué par ce veto hongrois.
Environ «41% de toutes les décisions prises par l'UE sur l'Ukraine sont actuellement bloquées par la Hongrie», s'est insurgé lundi le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis.
«Aide prise en otage»
Pour justifier son veto, la Hongrie avance plusieurs raisons, dont la dernière en date évoque des discriminations dans le traitement des entreprises hongroises par l'Ukraine, a expliqué lundi à l'AFP le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna.
«Nous ne pouvons pas laisser l'aide militaire de l'Union européenne être prise en otage par d'autres décisions, qui n'ont rien à voir avec ce sujet, particulièrement au vu de l'urgence de la situation», a dénoncé sur ce point Josep Borrell, à l'issue de la réunion ministérielle.
La Hongrie freine également l'ouverture formelle des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'UE, alors qu'une majorité de pays membres souhaitent qu'elle ait lieu avant fin juin, selon des sources diplomatiques. Budapest a toujours jugé que les conditions n'étaient pas encore remplies
De manière générale, la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban a multiplié les blocages et vetos aux décisions d'une Union européenne qu'elle critique et dit vouloir modifier en profondeur.
(ATS)