Le Four Seasons Great Barrier Reef Floating Resort était censé être le paradis sur terre. Ouvert en 1988, c’était le premier hôtel flottant au monde. À l’époque, l’hôtel se situait dans la mer à 70 kilomètres au large de Townsville, une ville de la côte est de l’Australie.
L’hôtel promettait de passer la nuit au-dessus de la Grande Barrière de Corail, le tout dans un luxe opulent. L’établissement disposait d’un court de tennis, d’une piste d’atterrissage pour hélicoptère et de sa propre boîte de nuit.
Trente ans plus tard, l’ancien complexe de luxe dérive au large des côtes de la Corée du Nord et se dégrade de plus en plus. Que s’est-il passé?
Des débuts compliqués
Les premiers problèmes ont commencé dès la construction de l’hôtel flottant, à Singapour. Un retard de six mois est accusé avant que l’établissement ne soit envoyé en Australie. Puis la construction est frappée par un ouragan, causant de graves dommages.
L’inauguration a lieu en 1988. Pendant un court moment, l’hôtel est une attraction très prisée. De nouveaux problèmes apparaissent bientôt: les touristes ont le mal de mer pendant la traversée vers l’hôtel, ou ils ne peuvent simplement pas le rejoindre à cause du mauvais temps.
De l’Australie au Vietnam
Un an plus tard, les investisseurs doivent vendre l’hôtel. Ils ont perdu 40 millions de dollars. Le temple touristique flottant est remorqué depuis le large de l’Australie jusqu’au Vietnam. Désormais, il est placé sur la rivière Saigon, dans la capitale Ho Chi Minh Ville.
L’hôtel de 200 chambres réparties sur sept étages est destiné à stimuler le tourisme vietnamien, qui en est encore à ses débuts, quinze ans après la fin de la guerre du Vietnam. L’hôtel devient un lieu de rencontre populaire pour les étrangers. Pour les Vietnamiens, en revanche, l’expérience est inabordable. Les tarifs des chambres peuvent atteindre 600 dollars américains, ce qui correspond à plus d’une année de salaire local.
En 1996, l’âge d’or de l’hôtel flottant prend fin. D’innombrables hôtels parsemant la capitale vietnamienne et le temple sur la rivière perd de son attrait. L’hôtel est fermé, vendu et finalement remorqué jusqu’à Singapour en 1997.
Projet de collaboration nord et sud-coréenne
Prochain arrêt: la Corée du Nord. À la fin des années 1990, la Corée du Nord et du Sud se rapprochent. L’apogée du tourisme nord-coréen semble imminent. L’hôtel flottant est rouvert dans le sud-est de la Corée du Nord sous le nom d’Hôtel Haegumgang. Il s’agit d’un projet conjoint entre les deux pays. Les premières années, tout semble bien se passer, les touristes sud-coréens sont nombreux à vouloir profiter de l’expérience.
En 2008, un incident met brutalement fin à cette collaboration: une touriste sud-coréenne est abattue dans la région par un soldat nord-coréen. Elle s’était accidentellement égarée dans une zone d’exclusion militaire lors d’une randonnée. Un véritable choc pour le tourisme. En 2010, l’hôtel flottant est fermé. Dès lors, il est resté vide.
Kim Jong-Un ordonne la mise au rebut
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un aurait ordonné la mise au rebut de l’ancien hôtel de rêve, rapporte le magazine en ligne «Travelbook». Si l’hôtel était déjà vieillot sur le plan architectural, des années d’inoccupation ont eu raison de la construction.
Malgré son délabrement progressif et les projets de démolition, l’hôtel est toujours debout. Il appartient au leader nord-coréen de décider ce qu’il veut en faire. Il peut décider de le rénover ou de l’envoyer dans un autre endroit du monde. Avec déjà 14’000 kilomètres à son actif, quelques-uns de plus ne feront pas grande différence.
(Adaptation par Jessica Chautems)