Les hécatombes de poissons se multiplient. Fortes chaleurs, manque d’eau ou d’oxygène mais également contaminations chimiques… les facteurs sont multiples. En Pologne, ce sont plus de 100 tonnes de poissons morts qui ont été repêchées. En Suisse, la mortalité piscicole n’a jamais été aussi élevée.
Côté français, associations et pêcheurs tentent le tout pour le tout. A coup d’épuisettes et de seaux, des milliers de poissons ont déjà pu échapper à la mort grâce aux différentes interventions menées, apprend-on dans le Huffington Post.
Un bilan positif mais pas réjouissant
«17’000 poissons sauvés depuis juin grâce aux opérations de pêche de sauvetage», affirme Guillaume Gourdy, le chargé de mission à la fédération pour la pêche et la protection des milieux aquatiques de Haute-Savoie. Mais pas de quoi se réjouir, ce bilan est alarmant. Il partage son inquiétude: jamais il n’avait vu les cours d’eau de son département aussi secs depuis la canicule de 2003.
Juste au-dessus de la commune genevoise d’Hermance, le ruisseau français du Chamburaz n’est plus, ou presque plus. Seules quelques flaques ont survécu, laissant agoniser les poissons en manque d’oxygène.
Les poissons d’eau douce supportent mal les températures supérieures à 20°C. Mais lorsque la rivière ne coule plus, l’eau se réchauffe rapidement. «On intervient en priorité dans les cours d’eau où il y a des gouilles, des sortes de poches d’eau où les poissons restent bloqués car ils ne sont plus connectés aux rivières», précise le chargé de la fédération.
Les pêcheurs sont un atout
Il faut agir vite pour déplacer les poissons dans des rivières où les conditions sont meilleures, ou en tout cas, vivables. Pêcheurs et chasseurs se joignent aux associations pour intervenir dans les cours d’eau. Ils récupèrent les poissons «à l’aide d’un groupe électrogène», explique Guillaume Gourdy au Huffington Post. Cette technique consiste à envoyer une décharge électrique inoffensive afin d’attirer les poissons pour les pécher sans difficultés, les mettre dans un seau, avant de les relâcher.
En Haute-Savoie, c’est plus de 17’000 poissons qui ont été sauvés grâce à 56 interventions. Et les pêcheurs sont un atout selon le chargé de la fédération. «Ils nous servent de sentinelles, ils connaissent parfaitement les milieux aquatiques et transmettent par mail des descriptions et photographies sur l’état des rivières et lacs aux associations locales.»
Risqué de déplacer les poissons
Ailleurs en France, en Normandie, ce sont les chasseurs qui mettent la main à la pâte. Même si l’association de chasse au Havre (ACDPM) n’a obtenu aucune autorisation légale, son président, Sacha Devillers, a donné l’aval à son équipe. Elle est partie à la rescousse des carpes et anguilles de l’estuaire de la Seine, qui est en partie classé en réserve nationale.
Bien que récupérer les poissons à l’épuisette ne les blesse pas, ces interventions ne sont pas sans risque. Changer d’environnement les espèces piscicoles peut engendrer une surpopulation, une contamination si les individus sont porteurs de maladie ou des compétitions avec les poissons déjà présents.
La peste ou le choléra?
Ces interventions ne sont donc pas durables sur le long terme. Et pourtant, avec le réchauffement climatique, les espèces halieutiques sont davantage en danger. C’est comme choisir entre la peste et le choléra, qu’est-ce qui est le moins mauvais entre sauver certains individus lors des sécheresses ou préserver la biodiversité?
Dans tous les cas, il semble que la solution la plus efficace et pérenne soit d’agir à la source même du problème. Comme le rappel le Huffington Post, les vagues de chaleurs et les sécheresses que traverse actuellement l’Europe vont s’intensifier avec les années. Et le seul moyen de réduire ces effets du réchauffement climatique est de réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre.