Comme beaucoup de jeunes femmes thaïlandaises, Sumalee*, 26 ans, n'avait guère d'autre opportunité de projet professionnel que celle d'entrer dans la prostitution. Lorsqu'une amie à elle lui parle de partir en Suisse – avec à la clé, un permis de travail – elle veut y croire. Elle pourrait y travailler dans de meilleures conditions, et s'assurer un avenir meilleur.
Mais une fois arrivée ici, Sumalee s'est retrouvée à être surveillée 24 heures sur 24, réduite en esclave sexuelle et contrainte de rembourser une dette de 30'000 francs. Seule la moitié de ses gains sont pour elle. La jeune femme doit remettre les 50% restants au propriétaire de la maison close.
Salaire dérisoire et conditions de travail proches de l'esclavagisme
Sumalee n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Trop d'hommes et de femmes sont encore contraints de travailler pour une somme dérisoire et dans des conditions proches de l'esclavage dans l'agriculture, sur des chantiers de construction ou dans des ménages riches.
Selon les statistiques, le nombre de victimes de la traite des êtres humains qui cherchent de l'aide en Suisse a augmenté augmenté ces dernières années, le nombre de centres de conseil a encore augmenté énormément. L'an passé, la Plateforme Traite a recensé 197 victimes de traite d'êtres humains en Suisse, soit 11% de plus qu'en 2022. Même si la hausse du nombre de victimes masculines s'est poursuivie, les femmes représentent toujours la grande majorité des victimes (75,5%).
Exploitation de la force de travail
L'augmentation du nombre d'hommes victimes s'explique notamment par le fait que la sensibilisation à la traite d'êtres humains et les contrôles correspondants se sont de plus en plus déplacés dans les secteurs d'activité à prédominance masculine, écrit mardi la Plateforme Traite, qui regroupe les services spécialisés dans le conseil et l'aide aux victimes, dans un communiqué.
Le nombre de victimes détectées dans l'exploitation de la force de travail est aussi en hausse. Ces victimes ne sont souvent pas reconnues comme telles et n'ont pas accès à leurs droits: elles sont même poursuivies et expulsées pour séjour illégal, déplore la Plateforme Traite.
Les victimes identifiées en 2023 venaient de 55 pays. La Hongrie, la République démocratique du Congo, le Cameroun et la Somalie étaient les pays d'origine les plus fréquents. La proportion des pays africains était la plus élevée avec 56%, suivis par l'Europe (17%), l'Amérique latine (14%) et l'Asie (12%).