«Promises made, promises kept» (Je tiens mes promesses): telle est la devise de son deuxième mandat à la Maison-Blanche, a annoncé le 47e président américain fraîchement élu Donald Trump, lors de son discours de victoire dans la nuit de mardi à mercredi. Le républicain a fait de nombreuses promesses au cours de sa campagne. Mais ce dernier a déjà bafoué l'une de ses promesses électorales les plus importantes, 24 heures exactement après sa victoire. Et cela pourrait nous coûter cher.
Depuis plus d'un an, Trump ne cesse de répéter qu'il mettra fin à la guerre en Ukraine «dans la journée qui suivra» son élection, bien avant son investiture le 20 janvier 2025. Mais rien n'y fait: la réélection de Trump a eu lieu il y a plus de 72 heures, et la guerre en Ukraine n'a pas été aussi violente depuis longtemps.
L'Ukraine dans le flou face à son principal allié
Cela est notamment dû au nouveau soutien de la Corée du Nord, avec lequel Vladimir Poutine repousse pas à pas les soldats ukrainiens. Et tandis que la Russie sait que la Corée du Nord est un nouveau partenaire à ses côtés, Kiev risque de perdre son principal allié. Aucun autre pays n'a envoyé autant d'armes et d'argent à l'Ukraine que les Etats-Unis. Le gouvernement du président sortant Joe Biden a fait livrer du matériel de guerre d'une valeur de plus de 60 milliards de dollars à Volodymyr Zelensky. Cela représente plus de 43% de toute l'aide militaire que l'Ukraine a reçue depuis le début de la guerre.
Trump a en revanche précisé à plusieurs reprises qu'il considérait Zelensky comme un «formidable vendeur», qui arnaque les Etats-Unis à tout va – et qu'il mettrait un terme à la généreuse aide américaine à Kiev en proie à la guerre. D'octobre 2023 à avril 2024, les républicains ont déjà bloqué toute aide à l'Ukraine sur ordre du chef de parti au Parlement américain. Cela a poussé les troupes de Zelensky au bord de l'effondrement.
Trump pourrait-il même se voir proposer le prix Nobel de la paix?
Il n'est donc pas étonnant que la peur règne en Ukraine après le triomphe de Trump: «We are fucked!», résume un soldat ukrainien dans le Donbass, interrogé par Blick. Pendant ce temps, le président Zelensky tente de faire changer Trump d'avis grâce à un lobbying habile. Par exemple, en utilisant régulièrement le propre bon mot de Trump «La paix par la force», et en félicitant publiquement le républicain pour sa «victoire absolument convaincante». La fin de la guerre avec la Russie «ne peut pas être achetée par la faiblesse», avertit Zelensky. Ce dernier a déclaré au quotidien britannique «The Guardian» que Trump risquait, en négociant trop vite avec Poutine, de passer soudain pour un «président perdant».
Mais le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, ne manque pas non plus de faire du miel géopolitique autour de Trump. Il s'est dit «impressionné par le comportement» du républicain après la tentative d'attentat contre lui, a fait savoir Poutine mercredi. «Trump a montré à ce moment-là quel homme courageux il est», a susurré le président russe qui se dit prêt à discuter avec le président américain. Trump a rapidement saisi la balle au bond et a déclaré: «Je pense que nous allons parler.»
Alexandre Loukachenko, fidèle auxiliaire de Poutine dans l'antichambre moscovite de la Biélorussie, en a rajouté une couche en annonçant mercredi qu'il nommerait personnellement Donald Trump pour le prix Nobel de la paix s'il parvenait à mettre fin à la guerre en Ukraine. Pour rappel, une fin de la guerre à l'heure actuelle équivaudrait à une capitulation de Kiev. L'Ukraine devrait céder une grande partie de son territoire à la Russie et Poutine serait également récompensé pour sa prédation territoriale en plein cœur de l'Europe.
L'ex-chef de l'OTAN défie Trump
Il n'est donc pas étonnant que des poids lourds européens s'immiscent dans le débat relancé sur les soi-disant pourparlers de paix entre Moscou et Kiev. Anders Fogh Rasmussen, ex-chef de l'OTAN et ancien Premier ministre danois, a mis en garde Trump dans une contribution sur la plateforme LinkedIn contre la tentation de céder à la Russie. «La paix telle que la conçoit Poutine fera passer Trump pour un perdant. Il doit être plus courageux que son prédécesseur Biden et utiliser son imprévisibilité à son avantage», écrit Fogh Rasmussen.
La question de savoir laquelle de ces voix Trump écoutera reste ouverte. Ce qui est clair en revanche, c'est que ses promesses électorales sur la fin rapide de la guerre en Ukraine n'étaient que des fake news.