150 millions de francs et 1700 «conseillers Covid»
Les troupes de Berset font du porte-à-porte

150 millions de francs, 1700 conseillers Covid: chaque citoyen non-vacciné recevra une visite ou un appel téléphonique dès novembre, selon la nouvelle stratégie de la Confédération. Mais les cantons ne semblent pas très satisfaits de cet interventionnisme bernois.
Publié: 03.10.2021 à 13:42 heures
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Dernière mise à jour: 03.10.2021 à 14:08 heures
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170 bus et une équipe consultative de 1700 personnes.
Photo: Keystone
Tobias Marti, Sven Zaugg et Daniella Gorbunova (adaptation)

Il est difficile de dire combien de fois ces phrases de remontrances ont été entendues de la bouche du ministre de la santé Alain Berset. «Nous ne sommes pas encore là où nous devrions être», a-t-il encore déclaré devant les médias vendredi. Et d'ajouter que «le taux de vaccination doit augmenter.»

Un taux de vaccination qui est effectivement l'un des plus bas d'Europe. Les avis divergent quant à la raison de ce phénomène. Certains pointent du doigt la stratégie de la campagne de vaccination fédérale - trop hésitante dès le départ, avec des cantons peu actifs. En outre, dans notre pays, la population réagirait de manière extrêmement sceptique à ce genre d'interventions gouvernementales. Mais la Confédération n'a pas dit son dernier mot: une nouvelle campagne à 150 millions de francs est censée, cette fois, aider à vaincre le virus. Une ultime démonstration de force pour venir à bout de la pandémie?

Une semaine de vaccination nationale, début novembre

Entre autres choses, les autorités proposent désormais des incitations. Toute personne qui persuade quelqu'un de se faire vacciner recevra un bon d'une valeur de 50 francs. En outre, 170 bus de vaccination vont bientôt parcourir le pays pour espérer vacciner les hésitants et les réticents.

L'OFSP a ainsi fourni aux cantons des indications précises concernant cette dernière offensive de vaccination, dévoilant une nouvelle stratégie de Berset et de ses soldats Covid. La «semaine nationale de la vaccination» doit commencer dès le début du mois de novembre, c'est-à-dire dans un mois.

Le taux de vaccination doit augmenter

Le Conseil fédéral vise un taux de vaccination de 93% chez les plus de 65 ans. Pour y parvenir, «il faudrait vacciner 100'000 personnes supplémentaires». Pour les 18 à 65 ans, l'OFSP souhaite un quota de 80%; parmi cette frange de la population, environ 775'000 personnes n'ont donc toujours pas tendu le bras.

Pour gonfler les chiffres, Berset n'enverra pas moins de 1700 «conseillers Covid» sur le terrain. Dans le seul canton de Zurich, l'on comptera plus de 300 conseillers, dans le canton de Berne plus de 200, en Argovie, dans le canton de Vaud, à Genève et à Saint-Gall plus de 100.

Un conseiller est censé informer, enregistrer et servir de médiateur à 5000 habitants. Il ou elle appelle les personnes, ou leur rend visite, selon la lettre de l'OFSP. Les cantons doivent répartir l'équipe de manière égale dans leur zone de responsabilité, et la Confédération a estimé à 60 francs par heure le coût de chaque conseiller.

De plus, 170 bus de vaccination parcourront le pays, soit un bus pour 50'000 habitants. Il y en aura ainsi 30 dans le canton de Zurich, 20 à Berne, 13 en Argovie et 10 à Saint-Gall, pour n'en citer que quelques-uns.

Les cantons: mauvais élèves

Alain Berset l'a clairement stipulé: le Conseil fédéral intervient car il est devenu évident que les efforts des cantons ne suffisent pas. Cette dernière «réprimande» de Berne risque de faire grincer des dents de Saint-Gall à Genève...

Officiellement, les cantons font preuve de diplomatie. Michael Jordi, secrétaire général de la Conférence suisse des directeurs de la santé (CDS), déclare: «Nous saluons l'engagement du Conseil fédéral.» Avant d'ajouter que «les cantons ont déjà fait beaucoup.»

Pratiquement aucun canton ne veut commenter l'offensive du Conseil fédéral. Après tout, la période de consultation se termine le 6 octobre. Mais dans les couloirs des conseils et des parlements cantonaux, les oreilles sifflent: un membre du conseil exécutif d'un grand canton qualifie par exemple cette nouvelle tentative d'incitation d'«action désespérée et absurde».

Une vaccination obligatoire?

Les petits cantons comme Appenzell Rhodes-Intérieures, avec un taux de vaccination de moins de 50%, l'un des moins immunisés du pays, sont irrités. La responsable de la santé Monika Rüegg Bless affirme ainsi que «les lignes de bataille ont été tracées. Tous ceux qui voulaient être vaccinés l'ont été. Peut-être que c'est la fin de la ligne.»

En tout état de cause, les statistiques le montrent: le certificat obligatoire n'a entraîné qu'une augmentation temporaire des vaccinations. L'on peut à présent se demander si la suppression des tests gratuits entraînera une nouvelle augmentation. Beaucoup l'interprètent comme une vaccination obligatoire.

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