Au fil de l'Hermance (GE)
Mi-fée, mi-dragon, l’Hermance de la légende prend sa source en Haute-Savoie, dans les marais de Loisin. Sur ses premiers kilomètres, elle oscille d’abord entre cours naturel et totale canalisation avant de glisser dans un délicieux vallon boisé qui dessine la frontière franco suisse sur plus de 6 kilomètres avant de se jeter dans le Léman. Notre balade débute au pont de Bouringe, dit Vieux-Pont, à quelques minutes à pied de l’arrêt de bus Hermance village, un ouvrage qui date de 1799 dûment estampillé Genève et Savoie. De là, on remonte le cours de la rivière et ses méandres en rive gauche à travers son cordon boisé jusqu’à la hauteur du village de Chevrens. La randonnée se poursuit alors en territoire français avec un passage à Crevy au Mémorial des sauveteurs de l’ombre, élevé en l’honneur des passeurs anonymes qui, durant la Seconde Guerre mondiale, ont conduit vers la Suisse tous ceux qui fuyaient la barbarie. De là, retour via le chemin des Lombards puis à travers le bois de Braset jusqu’à notre fameux pont initial pour une possible visite du vieux bourg d’Hermance.
Infos pratiques:
Balade au départ du pont de Bouringe, ou Vieux-Pont, à moins de 10 minutes à pied de l’arrêt de bus d’Hermance village situé, lui, à un peu plus de 30 minutes de bus de la gare de Cornavin. Une boucle d’un peu plus de 2 heures de marche en rive gauche de l’Hermance suisse jusqu’à Chevrens. Retour sur territoire français via le bois du Braset jusqu’au vieux bourg d’Hermance.
Dans les hauts-marais de Vraconnaz (VD)
Elle borde la frontière française, la toute première réserve naturelle créée en Suisse romande. La Mouille de la Vraconnaz, comme on l’appelle, placée en partie sous protection en 1911 déjà. Une zone humide d’exception située dans une combe à 1200 mètres d’altitude à quelques encablures de Sainte-Croix. Un vaste amphithéâtre marécageux bordé de collines boisées qui forment la limite territoriale entre Vaud, Neuchâtel et le département français du Doubs. Je vous propose de faire le tour de ce magnifique espace en partant des Bourquins, en terre neuchâteloise, jusqu’aux Rochettes via les pâturages des Bourquins-de-Bise. De là, il suffit de suivre la piste qui ceinture la réserve jusqu’au hameau de Vraconnaz, non sans avoir fait préalablement un petit crochet de quelques mètres en territoire français adjacent. Une balade aux humeurs nordiques à travers un incroyable monde de végétaux en tout genre, dont 150 espèces de mousses différentes.
Infos pratiques:
Balade au départ des Bourquins en terre neuchâteloise à moins de 15 minutes en bus de la gare de Sainte-Croix, direction Buttes. Une boucle de 2h30 de marche autour de la Mouille de la Vraconnaz, zone humide protégée d’exception de plus 94 hectares, via Les Rochettes puis une courte incursion en France, avant un retour vers le hameau de Vraconnaz en contournant le Mont-de-la-Chèvre par le bas. De là, retour en car postal vers Sainte-Croix.
Des Verrières à La Côte-aux-Fées (NE)
Entre les Varisiens, ceux des Verrières-de-Joux (France), et les Verrisans, ceux des Verrières (Suisse), distants de quelques centaines de mètres à peine, il y a certes une frontière à traverser, mais leur histoire est si commune qu’on finit parfois par avoir de la peine à les distinguer. Deux villages marqués à tout jamais par le passage, le 1er février 1871, de 37'000 soldats et officiers français de l’armée du général Bourbaki en déroute. Des hommes vaincus par les troupes prussiennes venus trouver refuge en Suisse. Aux Verrières, point de départ de notre randonnée, les lieux témoins de cette retraite sont encore nombreux. Une balade qui très vite gagne la France pour, dès les Verrières-de-Joux, partir sur la gauche pour grimper sur le Mont-des-Verrières, poursuivre entre forêts et pâturages par le Chalet de la Prise Martin jusqu’aux Prises. Le chemin file alors à main gauche en direction de la Suisse pour rallier Les Places avant de redescendre jusqu’à La Côte-aux-Fées, berceau des montres Piaget et point final de notre équipée.
Infos pratiques:
Balade au départ des Verrières, à 25 minutes de la gare de Fleurier. Moins de 3 heures de marche, à travers forêts et pâturages, d’abord en territoire français via Les Verrières-de-Joux, le Mont-des-Verrières jusqu’aux Prises. Puis retour en Suisse par Les Places jusqu’à La Côte-aux-Fées à 20 minutes en bus de Fleurier.
De Goumois à Soubey, au fil du Doubs (JU)
La balade du jour nous conduit le long de ce que bon nombre de personnes considèrent comme la plus belle frontière de Suisse, la vallée du Doubs, qu’Helvètes et Gaulois se partagent sur plus de 40 kilomètres. Point de départ de la randonnée, le village de Goumois qui, le plus naturellement du monde, s’étale de part et d’autre de la rivière et qui, jusqu’en 1780, n’appartenait qu’à une seule entité. Le bourg frontalier n’a d’ailleurs toujours qu’une église, sur sol français. En suivant les circonvolutions du Doubs, sur la rive suisse, le chemin file d’abord jusqu’au Bief de Vautenaivre, passe par le Moulin du Plain, dépasse l’étang de la Caborde et ses zones de reproduction d’amphibiens, pour rallier le Moulin Jeannottat. A la hauteur de Lobchez, le sentier quitte momentanément les rives magiques du Doubs pour longer le clos du Pontoye avant d’arriver à Soubey, but de la randonnée. Au village, ne pas hésiter à faire un saut à l’église Saint-Valbert, réputée pour son toit en pierre et ses vitraux de l’artiste Coghuf.
Infos pratiques:
Balade au départ du village frontalier de Goumois, à 15 minutes en bus de la gare de Saignelégier. Une randonnée de 3h30 de marche le long des charmantes rives suisses du Doubs et ses circonvolutions jusqu’au village de Soubey, à l’exception du tronçon Lobchez-Soubey qui quitte momentanément la rivière. De Soubey, retour en 35 minutes de bus jusqu’à la gare de Saint-Ursanne.
Du Bouveret à Saint-Gingolph (VS)
Jusqu’en 1569, Saint-Gingolph ne constituait qu’une seule et même communauté au cœur de laquelle coulait la Morge. Une rivière qui, à la suite du traité de Thonon, va constituer la frontière entre le Valais et la Savoie, séparant littéralement les quartiers d’habitation en deux. Une séparation administrative qui n’a pourtant jamais eu raison de l’unité séculaire des Gingolais. Si la partie suisse du village est certes administrée par une commune et la partie française par une mairie, la localité est binationale.
Et comme son arrière-pays s’étend sur une large portion montagneuse, elle a de tout temps constitué un passage privilégié pour ceux qui cherchaient à préserver leur vie ou leur liberté. Ce fut tout particulièrement le cas durant la Seconde Guerre mondiale. C’est justement une de ces voies de fuite que je vous propose de suivre, mais en sens inverse. La belle randonnée au départ du Bouveret traverse la forêt qui surplombe le Léman via L’Essert, La Frémy, Grand-Forêt et Vignoles pour atteindre Saint-Gingolph.
Infos pratiques:
Balade au départ de la gare du Bouveret à moins de 30 minutes en train de Saint-Maurice. Une randonnée d’à peine 1h30 de marche d’abord le long du lac pour, dès l’Ecole des Missions, grimper dans la forêt qui surplombe le Léman et la traverser tout du long jusqu’aux portes de Saint-Gingolph. Le retour peut se faire via Le Bouveret en train ou en bateau de la CGN.