Au terme d'une longue et épuisante journée, votre corps ne réclame qu'un peu de repos et de silence, emmitouflé dans les draps... Mais au lieu de dormir, vous enchaînez les épisodes de série, scrollez sur votre smartphone ou poursuivez de petites activités peu utiles à la maison, pour retarder (même inconsciemment) l'heure de rejoindre Morphée.
Cette habitude, bien connue des experts, est surnommée «la procrastination du sommeil». D'après Helen Slawik, médecin au Centre de médecine du sommeil des cliniques universitaires de Bâle, il s'agit d'un phénomène très répandu: «Certains indices montrent que les femmes sont plus touchées que les hommes», précise-t-elle par ailleurs.
Pour vous aider à y remédier, notre intervenante détaille plusieurs causes et solutions possibles à cette épuisante procrastination:
Le soir, vous voulez «rattraper» la journée
Rentrer des chiffres dans un tableau Excel, plier le linge, se battre constamment avec les mêmes personnes... Certaines journées ne sont pas faciles. Il est donc naturel de chercher à compenser ces heures pénibles en se plongeant dans une série télévisée ou en s'intéressant à la vie des autres sur les réseaux sociaux.
La solution: Si vous reconnaissez ce sentiment, la spécialiste conseille de sortir au maximum de vos routines quotidiennes pendant la journée, tout en gardant à l'esprit que la procrastination du sommeil ne permet absolument pas d'embellir votre vie. Au contraire, puisque la fatigue rend le monde encore plus ennuyeux: «En négligeant votre hygiène du sommeil, vous risquez également de détériorer sa qualité», explique Helen Slawik. Ainsi, vous n'aurez même pas l'énergie nécessaire à «compenser» vos journées les plus chargées.
Vous peinez à structurer votre temps
Lorsque vous vous promettez de ranger rapidement l'appartement après le travail, vous remarquez tellement de recoins qui mériteraient un bon nettoyage que vous finissez par y passer deux heures complètes. Résultat: vous avez tout fait... sauf ce que vous aviez prévu d'accomplir au départ! Les corvées se prolongent et, par conséquent, l'heure du coucher est retardée, sacrifiée au profit de la productivité.
La solution: Pour notre intervenante, il s'agit de rester attentif à cette habitude et de remarquer qu'on est sur le point de céder à une tentation. À ce moment-là, il convient de s'interrompre, d'essayer de tenir bon et de supporter la brève frustration qu'on peut ressentir en renonçant à une activité déjà entamée. «Plus on est fatigué, plus ce genre de contrôle de soi devient difficile», prévient Helen Slawik. Il est donc plus aisé de couper une activité destinée à la procrastination à 19h qu'à 22h.
Vous êtes dépassé par les événements
À la fin d'une journée, même lorsque vous avez terminé toutes les tâches sur votre liste, il est impossible d'«éteindre» votre cerveau ou vos émotions d'un seul coup. Des choses vous ont forcément bouleversé, vous vous êtes peut-être senti mécontent, blessé, irrité... En enchaînant les activités divertissantes en fin de journée, on peut interrompre le flux de nos pensées et se sentir mieux. Le lendemain, la fatigue reviendra au galop, vous aidant à passer la journée dans une sorte de «flou».
La solution: Pour éviter de tomber dans ce type de spirale, notre spécialiste rappelle de veiller à votre bien-être tout au long de la journée, sans laisser les émotions s'accumuler. Cela signifie qu'il faut rester conscient de son état de fatigue et de ses capacités, que ce soit au niveau professionnel, des loisirs ou sur le plan émotionnel.
Si le problème ne s'améliore pas, il peut être utile de demander un avis médical. Dans certains cas, un soutien professionnel peut aider, car selon Helen Slawik, ce comportement est souvent associé à la dépression.
Vous vous rebellez contre les circonstances
Lorsqu'on a l'impression de passer la journée entière à exécuter les ordres de quelqu'un d'autre ou à se débattre avec les défis de la parentalité, le retour à la maison (dès que les enfants sont au lit) peut s'apparenter à un précieux instant de répit, la seule tranche de temps qu'il est autorisé d'accorder à ses propres besoins. Cela peut justifier un coucher tardif, puisque l'envie de «se venger» sur la journée semble toute naturelle. Or, le lendemain, la fatigue peut nous empêche de réaliser nos tâches quotidiennes aussi rapidement que d'habitude, ce qui réduit encore le temps de repos qu'il nous restera, le soir.
La solution: Helen Slawik estime que l'habitude de se coucher tard en signe de protestation peut nuire au bien-être et à la santé. Pour elle, le manque de sommeil peut provoquer des maladies circulatoires, une prise de poids, des troubles du sommeil et des dépressions. Il s'agit alors d'en prendre conscience pour endiguer ce comportement et protéger notre santé, en dormant davantage.
À nouveau, si vous ressentez un mal-être ou une grande frustration durant la journée et que vos soirées deviennent une sorte de vengeance, n'hésitez jamais à faire appel à un professionnel, qui saura vous aider à apaiser les situations qui provoquent ces émotions.